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Calais : « La mobilisation ne se limite pas à une manifestation, elle se construit dans le temps »

Crédit Photo : DR

Entretien. Suite à la manifestation de soutien aux migrantEs qui s’est déroulée à Calais samedi 23 janvier, nous avons rencontré un de ses organisateurs locaux, Philippe Wannesson.

Peux-tu nous présenter Passeur d’hospitalités ?

Passeurs d’hospitalités est un blog centré sur la situation des exiléEs à Calais, qui se veut un moyen d’informer, d’alimenter la réflexion et de déconstruire certaines représentation.

Quel bilan tirez-vous de la manifestation de samedi dernier ?

C’est un succès en termes de nombre de personnes, avec la participation de personnes venues d’ailleurs (Paris, Lille…), d’exiléEs habitant le bidonville, et très peu de CalaisienNEs. Mais dans son impact politique elle vient renforcer des effets que nous n’aurions pas voulu renforcer.

Le lendemain, a eu lieu une manifestation « pour Calais », qui au départ devait aborder la question des exiléEs de manière plutôt pacifiée, style il faudrait un vrai camp de réfugiéEs pour que ça se passe mieux... Et en fait, les deux manifestations ont été opposées, « eux » et « nous » glissant en « pro » contre « anti-migrants », avec la maire de Calais Les Républicains raflant la vedette de la manifestation du dimanche.

À court terme, l’évacuation de la question sociale pour lui substituer le « problème des migrants » au cœur du débat public est confortée, avec l’opposition entre « nous », les CalaisienNEs regroupés autour de leur maire de droite, et « eux », les gens venus d’ailleurs, « migrants » ou droit-de-l’hommistes, voire ultragauches No Border...

L’inflation médiatique autour de l’after que se sont offerts des exilés après la manifestation – entrer dans le port et monter sur un bateau – a renforcé ce clivage.

Pensez-vous que l’on peut faire bouger les autorités par la mobilisation ?

La mobilisation ne se limite pas à une manifestation, elle se construit dans le temps. Sachant qu’on rencontre à Calais la superposition de politiques locales, françaises, franco-britanniques, européennes, et que les lieux de décision ne sont essentiellement pas locaux. Sachant aussi que Calais est un point sur une frontière et un point sur des parcours...

Concernant spécifiquement Calais, l’enjeu est maintenant la mobilisation du tissu calaisien, de manière à sortir le débat de l’opposition entre « eux », d’ailleurs, et « nous », les locaux plus ou moins assiégés, avec tout un discours victimaire instrumentalisé par la droite et l’extrême droite.

Il y a eu deux réunions de préparation à Calais pour la manifestation du 23 janvier. Mais le tissu de soutien aux exiléEs est très divers et peu coordonné. Une multitude d’initiatives individuelles et de petits groupes, des associations humanitaires plus anciennement installées, de grosses ONG agissant à l’international, une diversité d’acteurs nouveaux, principalement britanniques et belges, très présents sur le terrain. Et une séparation entre le tissu de soutien aux exiléEs et le reste. La dernière mobilisation – qui fédérait plus largement, y compris des partis et des syndicats – date de 2011, avec le collectif D’ailleurs nous sommes d’ici.

C’est un travail à faire localement, qui vient en plus du reste, mais il est important que des mobilisations comme celle de ce 23 janvier puissent servir de point d’appui. Il sera aussi probablement nécessaire d’élargir la mobilisation nationale pour qu’elle facilite l’élargissement de la mobilisation locale.

On ressent une certaine démobilisation des forces politiques sur Calais. Pensez-vous que la manifestation de samedi soit de nature à redonner un nouveau souffle au soutien ?

La contradiction des organisations de gauche à Calais est qu’elles peinent à rendre audible la question sociale, qui touche les habitantEs « au long cours » de Calais : la désindustrialisation, le chômage, le mal logement, les relations de travail qui se durcissent... Et faute de perspective alternative pour le territoire et la société en général, elles peinent à reposer la place des exiléEs, des habitantEs de passage, des personnes bloquées à la frontière, dans cette vision qu’elles n’ont pas ou n’affirment plus. Elles ont donc du mal sortir d’une vision compassionnelle.

Les organisations de gauche ont aussi des difficultés avec leurs adhérentEs qui sont sensibles au discours sur « les migrants », sur leur présence comme menace sur l’emploi. Il va donc falloir un travail plus en profondeur pour les remobiliser, sachant qu’on n’a pas le choix... Ne pas le faire, c’est laisser le terrain à l’extrême droite.

Propos recueillis par Martine Tessard

Liberté de circulation ! Libération immédiate et retrait de toute charge pour les manifestantEs arrêtés à Calais !

Ce samedi 23 janvier, 3 000 migrants, réfugiés de la Jungle, réfugiés et sans-papiers de Paris, de Marseille, de Lille et d’ailleurs, membres de mouvements de solidarité de Calais et sa région et d’autres villes, militantEs venus d’Angleterre, de Belgique et d’Allemagne, ont manifesté à Calais. C’est la plus grosse mobilisation sur ce sujet ayant eu lieu à Calais. Au même moment, des manifestations du même type ont eu lieu à Evros, à la frontière entre la Grèce et la Turquie, et à Lampedusa.

Malgré quelques provocations, très peu nombreuses, de l’extrême droite, la manifestation a eu le visage de la détermination et de la solidarité. La confiance transmise par cette magnifique manifestation a amené des centaines de migrants à décider d’obtenir ce qu’ils revendiquent légitimement, leur liberté de circulation. Après la fin de la manifestation, débordant les forces de police, ils ont manifesté jusqu’au port pour tenter d’embarquer sur un bateau. Plusieurs dizaines ont même réussi à entrer sur un ferry à quai.

Suite à cette action, la police a arrêté au moins 11 personnes solidaires et 24 migrants. La manifestation a été la démonstration que la solidarité est un projet de société qui a bien plus d’avenir que les politiques menées actuellement, qui font de Calais une ville sinistrée et barbelée.

Nous exigeons donc la libération immédiate de tous les manifestantEs arrêtés, quels que soient leur statut ou leur nationalité, et le retrait de toutes les charges.

Le collectif unitaire d’organisation de la manifestation

Premiers signataires : AL, ATMF, CNT-RP, CISPM, CSP 75, DAL, Droits Devant !!, Ensemble, FASTI, IJAN, NPA, UL Solidaires 5e...

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024