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Trois verts au gouvernement. Vers la banqueroute finale de l’écologie politique ?

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Touchée par une hémorragie de ses cadres, résultat d’une succession de guerres claniques, ainsi que d’une crédibilité de plus en plus écornée du fait de ses choix politiques, Europe Écologie-Les Verts (EELV) a encore pris un coup, ce jeudi, avec l’entrée au gouvernement de sa secrétaire nationale, Emmanuelle Cosse. Loin d’être le seul loupé du parti écologiste, ce nouvel épisode ouvre-t-il la crise finale de l’écologie politique hexagonale ?

Damien Bernard

Abandonné d’abord par l’une de ses figures tutélaires, Daniel Cohn-Bendit, en 2012, puis par Noël Mamère en 2013, le parti a vu le rythme des défections s’accélérer au cours des six derniers mois. Les dernières élections régionales auront été un échec cuisant de plus, se soldant par une débâcle avec la perte des ¾ des conseillers régionaux parmi les 265 élus de 2010, le tout aggravé par d’importantes difficultés financières. Cette crise de l’ancien parti des Verts ne semble pourtant prête de s’arrêter.

Emmanuelle Cosse aux côtés de Jean-Marc Ayrault, premier défenseur de NDDL

Deux ans après le départ de Cécile Duflot du gouvernement, les écologistes renouent avec le maroquin, sous les ordres de Manuel Valls. Emmanuelle Cosse devient ministre du Logement, après avoir annoncé dans la foulée sa démission du secrétariat national d’EELV. Elle est rejointe par Jean-Vincent Placé et par Barbara Pompili, qui intègrent, l’un et l’autre, un Secrétariat. Pour ces derniers qui incarnent parfaitement la ligne « jamais sans le PS », c’est une forme de consécration. Eux qui avaient quitté EELV en dénonçant une « dérive gauchiste » du parti et souhaitaient coûte que coûte un fauteuil ministériel, les voilà servis… Quoi qu’il ne s’agisse que d’un demi-maroquin.

Pour Emmanuelle Cosse, EELV serait « tombé dans le piège » de l’alternative pour ou contre la politique menée par François Hollande. « Cette vision simpliste » auraitréduit considérablement son « espace politique ». Elle conclut en martelant que « l’opposition de gauche est une impasse ». Elle considère que la lisibilité d’EELV serait de refuser d’être « ballottés entre la social-démocratie et l’opposition de gauche ». On l’aura compris, c’est une façon pour Emmanuelle Cosse d’expliquer qu’elle a définitivement choisi le camp gouvernemental, a contrario du balancier entre PS et le Front De Gauche.

Du côté d’EELV, la critique est vive. Par la voix de son nouveau secrétaire national, David Cormand, la formation a dénoncé une trahison d’Emmanuelle Cosse. « Je pense qu’elle a surtout trahi un parcours politique qui est le sien, qui était empreint de convictions, d’une certaine forme de radicalité, je ne peux que le constater », a réagi le nouveau chef de file d’EELV suite à l’annonce du remaniement gouvernemental. Pourtant, à sa gauche, l’herbe n’est pas forcément plus verte.

Emmanuelle Cosse, une arriviste ? Cécile Duflot n’est pas en reste…

Tantôt allié à l’intérieur du gouvernement, tantôt en dehors, EELV ne brille pas par sa constance. À l’arrivée de Valls en mars 2014, Cécile Duflot avait décidé de quitter le gouvernement qu’elle avait rejoint aussitôt après l’élection de François Hollande. C’est l’arrivée de Valls et la gauche sécuritaire louchant à droite qui aurait précipité son départ du gouvernement, préférant ne rien céder sur ses valeurs « humanistes » et les libertés publiques.

Pourtant, Cécile Duflot, depuis son entrée au gouvernement, n’avait cessé d’avaler des couleuvres. Du refus du gouvernement d’accorder des récépissés pour les contrôles policiers, en passant par l’arrestation de la militante basque Aurore Martin, jusqu’à l’emblématique projet d’aéroport à Notre Dame Des Landes, la ministre du Logement restait cependant vissée à son ministère, aux côtés du premier défenseur de NDDL, Jean Marc Ayrault.

Mais sa sortie du gouvernement visait clairement à un but : tracer sa route et capter dans l’opinion la frange du « peuple de gauche » qui sera rétive à la « ligne Valls ». Cécile Duflot avait bien-sûr en vue les présidentielles de 2017 et cet espace à gauche qu’elle visait à incarner. Mais deux ans plus tard, le scénario est loin de se réaliser comme prévu, EELV s’étant enfoncé dans la crise, entraîné, notamment par ses politiques d’alliances, par la chute du PS et du Front De Gauche.

Ainsi les rapports avec le PS et le Front De Gauche fracture certes EELV, mais ces alliances sont à géométrie variable et sont définies d’une part par la situation politique, et par les ambitions personnelles des uns et des autres. Cécile Duflot, sans autre alternative, persiste et signe pour la présidentielle, tandis qu’Emmanuelle Cosse, cause perdue pour perdue, a choisi la dissolution politique en acceptant un ministère en échange d’un référendum, qui aura toutes les chances d’être pipé.

Chacun use de ses tactiques politiciennes, et l’écologie dans tout ça ?

Prenant acte de l’échec de sa stratégie d’alliance avec le Front de Gauche initiée aux élections municipales et régionales, Cécile Duflot, tout aussi arriviste qu’Emmanuelle Cosse, a tiré son bilan et s’est tournée vers les socialistes. Mi-décembre, après les attentats du 13 novembre et la lepénisation accélérée de Hollande, Cécile Duflot avait proposé une « coalition de transformation sociale et écologique » à François Hollande, parvenant même à trouver« des victoires durant ce quinquennat : la baisse de la part du nucléaire, la contribution carbone ».

Mais en février, c’est un retournement à 180 degré pour Cécile Duflot. Elle a désormais oublié sa proposition de coalition et hausse aujourd’hui le ton, en particulier contre la déchéance de la nationalité. En réalité, l’objectif, pour Duflot, est de rendre impossible toute participation d’une personnalité étiquetée « écologiste » au prochain gouvernement afin de préserver ses maigres chances en vue de la présidentielle.

Autant dire que l’écologie politique version EELV, totalement institutionnalisé, rejoue les pratiques présidentialistes de la 5e République, l’un des systèmes les plus anti-démocratiques. Ainsi les grandes questions environnementales essentielles, telles que le réchauffement climatique, les grands projets inutiles, les produits chimiques et nucléaires ont de beaux jours devant eux !

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024