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Non à l’Europe forteresse ! Liberté de circulation et d’installation !

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Dans la manifestation de Calais du 23 janvier 2016. DR.

Le 19 janvier dernier, le président du Conseil de l’Europe, le polonais Donald Tusk, donnait « deux mois » à l’Union européenne pour résoudre la crise des réfugiés sous peine de disparition de l’espace Schengen, cet espace, bien limité au demeurant, de libre circulation à l’intérieur de l’Europe. Pour l’heure, les ministres de l’Intérieur européens ont déclenché une procédure visant à prolonger légalement pendant deux années supplémentaires les contrôles aux frontières de six Etats (Allemagne, France, Autriche, Danemark, Suède et Norvège), auxquels pourraient s’ajouter d’autres pays. Sans parler de la Hongrie qui avait clôturé de sa propre autorité en octobre dernier sa frontière avec la Serbie par un mur de barbelés.

Mesures discriminatoires

Sous la pression de l’influence grandissante des extrêmes droites, les gouvernements multiplient les mesures discriminatoires à l’égard des migrants. Le Danemark ne vient-il pas de décider, outre un durcissement du droit d’asile, d’autoriser les forces de police à fouiller les bagages des arrivants et à saisir leur argent liquide au-delà de 1400 euros. « Ce que nous disons, c’est que si vous voulez venir en Europe, mieux vaut éviter le Danemark », se réjouit publiquement un porte-parole du Parti populaire danois d’extrême droite.

Le gouvernement suédois, dans le même temps qu’il parle d’utiliser, selon une tradition bien française, des charters pour expulser les réfugiés déboutés du droit d’asile, envisage de réduire les aides sociales pour les étrangers ayant obtenu un permis de résidence temporaire. Une mesure que le premier ministre britannique, David Cameron, souhaiterait bien obtenir de l’Union européenne pour présenter un compromis acceptable et éviter le « Brexit », la sortie de l’UE, qu’il a lui-même envisagé par démagogie lors de sa campagne électorale, convoquant pour en décider un référendum en juin prochain.

Il va sans dire que les migrants n’en continuent pas moins d’affluer, toujours plus nombreux, chassés par les désastres des guerres au Moyen-Orient, du chaos économique et de la crise climatique. L’organisation internationale pour les migrations (OIM) a recensé la mort, depuis le 1er janvier 2016, de 113 personnes qui ont péri noyées dans le naufrage de leur embarcation en Méditerranée. Elle évalue à 37 000 le nombre de migrants arrivés depuis cette date en Grèce ou en Italie, dix fois plus que l’an passé sur la même période.

Fiasco européen

En septembre 2015, un sommet européen avait décidé, sans enthousiasme, un plan de « relocalisation » destiné à soulager l’Italie et la Grèce. Sur les 160 000 étrangers qui devaient être répartis entre différents pays… 272 seulement l’ont été. Devant un tel fiasco, les Etats européens ont imaginé une autre solution, qui n’aura pas plus de succès : convaincre la Turquie de garder chez elle le maximum des 2,5 millions de réfugiés qui y survivent dans des conditions extrêmement précaires, contre la promesse d’une aide de trois milliards d’euros.

Seule l’Allemagne continue pour l’instant d’accueillir des centaines de milliers de réfugiés – plus d’un million l’an dernier. L’extrême droite, Pegida, AfD (Alternative pour l’Allemagne), comme la CSU bavaroise qui est alliée avec la CDU d’Angela Merkel, s’est emparée des événements survenus à Cologne, où plusieurs centaines de femmes ont été victimes d’agressions sexuelles et de vols – deux d’entre elles ont été violées – de la part de centaines de jeunes hommes dont la plupart sont originaires de pays du Maghreb ou du Moyen-Orient, et parmi eux des réfugiés. Sous cette pression, Angela Merkel, tout en refusant de limiter comme le veut la CSU le nombre des réfugiés à 200 000, envisage des mesures de réduction de l’accueil. Mais le gouvernement allemand a, dans le même temps, annoncé qu’il consacrerait 8 milliards d’euros sur son budget à l’installation des étrangers accueillis.

C’est cependant une exception, qui pourrait bien ne pas durer. Pour la plupart des dirigeants européens, même s’ils ont quelquefois le mot « accueillir » à la bouche, il n’est question que de sécuriser les frontières de l’Europe, d’en faire une véritable forteresse ou de renoncer à la libre circulation à l’intérieur de l’espace Schengen.

Si la solidarité n’existait pas, celle des garde-côtes italiens et grecs qui ont sauvé des dizaines de milliers de réfugiés naufragés en Méditerranée, celle des bénévoles qui accueillent les migrants en Italie, en Grèce et en Allemagne où 7 milliards d’euros de dons ont été collectés à leur profit, la situation des migrants serait sans doute partout ce qu’elle est dans la « jungle » de Calais.

Car une chose est sûre, c’est que le gouvernement français se lave les mains des drames que vivent les migrant-e-s. Lorsque ceux de Calais manifestent, comme ils l’ont fait le 23 janvier dernier, pour dénoncer les conditions inhumaines qui leur sont imposées, ce sont eux qui sont au banc des accusés, alors même qu’ils ne souhaitent que quitter la France pour passer en Angleterre.

Galia Trépère

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024