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Hamon en tête du premier tour : une victoire des frondeurs ?

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Le second tour de la Belle Alliance Populaire (BAP) finira par un duel interne au PS entre l’ancien Premier ministre, qui arrive en deuxième position, avec 31,1% des voix, et son ancien ministre, Benoît Hamon, qui se place en tête après avoir récolté 36,3% des suffrages. Le résultat illustre une rupture consommée entre le « peuple de gauche », du moins de ceux qui se sont déplacés dans les bureaux, et la gauche social-droitière du gouvernement et le quinquennat de François Hollande. Mais cette arrivée en tête d’un frondeur sera-t-elle suffisante pour mobiliser largement, sur sa candidature, de larges fractions du monde du travail, de la jeunesse, de l’électorat populaire et des quartiers ?

L’ambiance qui régnait dimanche soir au QG du Parti Socialiste, rue de Soklférino, résumait à elle seule la portée de cette primaire et ce dont elle témoigne : dans des locaux vides de tout militant, Jean-Christophe Cambadélis, numéro 1, et ses deux lieutenants chargés de la primaire, répondaient péniblement à la question des journalistes présents, en nombre, dans des locaux déserts, alors qu’un informaticien se chargeait de faire disparaître du site officiel de la BAP le taux de participation qui ne devrait s’élever au-delà de 1,4 millions de votants, soit bien en deçà de ce qui était prévu.

En plus d’une désaffection réelle de l’électorat de gauche, ceux qui se sont tout de même rendus dans les bureaux de vote ont souhaité sanctionner lourdement la politique gouvernementale et le quinquennat hollandistes en donnant plus de 46% des voix à Hamon et à Montebourg, classés à gauche du parti, contre 33% pour Valls et son unique soutien, jusqu’à présent, Sylvia Pinel, du PRG.

Valls, qui avait fait de la rénovation du PS, de son changement de nom, puis de la théorisation de deux gauches irréconciliables une marque de fabrique vient de se prendre les pieds dans le tapis et se rend compte qu’après avoir appelé au rassemblement, ce qui reste de la base du PS l’a envoyé dans les cordes alors même qu’il recevait le soutien de la plupart des ex ministres et actuels membres du cabinet Cazeneuve.

Le grand vainqueur, par ricochet, de ce premier tour, est de façon arithmétique Emmanuel Macron. Le candidat d’En Marche, qui bénéficie d’un réel engouement dans l’opinion sans que cela ne soit corrélé à une extension de sa base électorale potentielle espère tirer profit de la probable élimination de Valls dimanche prochain. Beaucoup, dans son entourage, espèrent pouvoir rassembler autour de l’ex banquier et ancien ministre de Hollande les factions de l’appareil du PS qui refuseront de suivre Hamon et qui seraient tentées par une refondation complète du parti sur le modèle du Parti Démocrate italien, aujourd’hui encore au pouvoir malgré la défaite de Matteo Renzi lors du référendum de décembre.

Cela suffit-il pour faire de Hamon un espoir à gauche ? Dans son parcours, au sein de l’appareil du MJS puis du PS, en tant que ministre de Hollande, de l’Économie solidaire, tout d’abord, puis de l’Éducation, tout fait de lui un apparatchik comptable d’une politique qui a été menée, depuis vingt-cinq ans, contre le monde du travail et la jeunesse ; une politique menée en contrepartie de quelques miettes ou promesses, sous Jospin, entre 1997 et 2002, puis sans aucune contrepartie, depuis cinq ans. En s’élevant contre cette gauche autoritaire qui au nom du pragmatisme n’a asséné que des coups, Hamon, en plaçant ses pas dans ceux de Martine Aubry, dont il a longtemps été un très proche conseiller, voudrait se reconstruire un profil « d’homme de gauche ». Il en faudra plus, à moins « qu’homme de gauche » signifie compatibilité, en dernière instance, avec la ligne social-libérale.

Les frondeurs, en effet, depuis le début du quinquennat, ont surtout démontré qu’’indépendamment de certaines prises de positions et de votes symboliques, sur les fondamentaux de la politique gouvernementale, ils s’en sentent suffisamment solidaires de l’aile social-libérale du PS pour ne jamais avoir rompu avec Hollande ni avec le PS sur les questions économiques, sociales, environnementales, politiques et démocratiques.

Aujourd’hui, sur la seule base d’une promesse de revenu universel et d’engagements écologiques, Hamon voudrait faire « battre le cœur de la France ». Indépendamment du clin d’œil chauvin, que reprenait également Montebourg qui, lui, voulait « libérer les Français », il en faudra plus pour créer une véritable dynamique de gauche pour celui qui se veut (excusez du peu), l’incarnation hexagonale de Bernie Sanders, Jeremy Corbyn ou Pablo Iglesias.

Le résultat du premier tour de la primaire est donc une bonne nouvelle pour les frondeurs, certes. C’est également une claque pour Valls, en effet. Mais si Hamon propose du Aubry réactualisé à la sauce 2017 là où Mélenchon fait du mitterrandisme tardif, le monde du travail, la jeunesse et les secteurs populaires ont besoin de réponse claires et des perspectives conséquentes pour combattre contre les licenciements, pour le partage du travail, pour l’augmentation des salaires et des pensions, pour la défense, contre les attaques programmées par la droite comme par la gauche en cas de victoire en 2017, de nos acquis ainsi que de leurs extension à ceux qui n’en bénéficient pas, pour en finir avec des politiciens-parasites au service d’un patronat qui vit aux crochets de la société, à grands renforts de CICE, sur fond d’état d’urgence. De tout cela, Hamon ne dit pas un mot ou alors partage avec les hollandistes le même diagnostic autoritaire.

A l’inverse, pour défendre un programme dont nous avons cruellement besoin, il faudra une rupture et une dynamique de mobilisation : c’est l’extrême gauche et la candidature de Philippe Poutou qui portent cette double exigence, et non Benoît Hamon. Au premier comme au deuxième, qu’il s’agisse d’une élection officielle ou d’une primaire, nous ne voterons pour aucun des socialistes en lice. Pendant comme après le mouvement contre la Loi Travail, il faudra donner une réponse et des perspectives claires à toutes celles et à tous ceux qui se rappellent des mauvais coups socialistes et continuent à penser, à juste titre, que tout le monde déteste le PS.

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Mis à jour le dimanche 21 avril 2024