Aller au contenu Aller au menu Aller à la recherche

Logo du site

Accueil > Communiqués, conférences, réunions > NPA national > Politique & économie > “Nous ne sommes rien, soyons tout !”

“Nous ne sommes rien, soyons tout !”

Le 29 juin dernier, suite à la demande du gouvernement d’évaluer la situation budgétaire du pays, la Cour des comptes – le temple du dogme libéral – a publié un rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques...

Dans ce rapport, la Cour des comptes dévoile que le déficit sera au-dessus des 3 % du PIB et préconise des mesures de réduction des dépenses publiques. Pour cela, toujours les bonnes vieilles recettes qui ne marchent pas : réduction des salaires et des droits des fonctionnaires, augmentation du temps de travail, réduction des aides sociales... Face à l’annonce d’un déficit d’environ 3,2 %, Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques, a prévenu : « Pas question d’accorder à la France un délai supplémentaire pour revenir à un déficit de 3 % du PIB ».

Bref, la Cour des comptes et Moscovici accompagnent le gouvernement dans la mise en place de mesures encore plus libérales, et c’est dans ce sens que le gouvernement a d’ores et déjà annoncé le gel du point d’indice des fonctionnaires. Et ce n’est que le début...

C’est qui le patron ?

Dans ce contexte, Macron a donc décidé, la veille du discours de politique générale du Premier ministre, de convoquer le Congrès à Versailles pour fixer « le cap » de son quinquennat. Car, selon lui, « il est des heures qui, de cette possibilité, font une nécessité. Les heures que nous vivons sont de celles-là. » On s’attendait donc à des annonces importantes, historiques…

À la place, nous avons eu le droit à un discours fleuve d’une heure et demie ponctué de lieux communs... comme si Macron était toujours candidat. Sur la réforme parlementaire, les questions européennes, l’état d’urgence, Macron n’a rien annoncé de nouveau. Concernant la réforme des institutions et la réduction d’un tiers des députés, le non-cumul des mandats, la dose de proportionnelle… aucun scoop puisque l’ancien garde des Sceaux Bayrou avait dévoilé tout cela lors du lancement de la loi de moralisation.

Alors pourquoi ? Ce n’est pas la première fois que le président de la République s’adresse au Congrès ces dernières années : Sarkozy l’avait fait en 2009 pour annoncer la loi interdisant le port du voile intégral et Hollande en novembre 2015 pour détailler les mesures de lutte contre le terrorisme, parmi lesquelles la fameuse déchéance de nationalité finalement abandonnée. Macron, lui, l’a fait pour rien... Sauf sans doute pour rappeler à tous que le seul patron, c’est bien lui, même quand il n’a rien à dire. On soupire lorsque l’on sait qu’il a promis que « tous les ans, je reviendrai devant vous pour vous rendre compte ».

La guerre est déclarée

En ne disant rien, Macron a donc laissé la place à Édouard Philippe qui dès le lendemain a fait un discours de politique générale un peu plus concret… Et, malheureusement, nous n’avons guère été surpris. À propos des services publics, Philippe a ainsi affirmé vouloir « stopper l’inflation de la masse salariale du secteur public » et « choisir et remettre en cause certaines missions ». Comprendre : tailler encore et encore, à coups de suppressions de postes et de fermetures de services, alors qu’il faudrait à l’inverse étendre et développer les services publics, nécessaires et créateurs d’emplois.

En ce qui concerne le privé, la musique est bien différente, même si là encore elle n’est pas nouvelle : réduction de cotisations sociales sur les bas salaires, baisse de l’impôt sur les sociétés et, plus globalement, « des mesures fortes pour améliorer l’attractivité de la place de Paris » parce que « les entreprises doivent retrouver l’envie de s’installer ». On pourra noter au passage la confirmation de la réforme de l’ISF, « resserré autour du seul patrimoine immobilier afin d’encourager l’investissement dans l’entreprise ».

Et le reste était à l’avenant, avec entre autres la confirmation du recours aux ordonnances dès la fin de l’été pour « rénover le modèle social (…) pour qu’il accompagne celui qui veut prendre un risque, au lieu qu’il accompagne celui qui est déjà installé ». Comprendre : toujours plus de libéralisme et d’individualisme, toujours moins de protection sociale et de garanties collectives, le tout en se donnant les moyens de passer en force.

Agir, ensemble, dès maintenant

Face à ces déclarations de guerre, nous n’avons d’autre choix que de nous opposer, nous les oppriméEs et les exploitéEs, celles et ceux que Macron appellent les « rien »... Mais ces « rien » peuvent se mobiliser, résister, que ce soit dans les initiatives du Front social (dès ce vendredi 14 juillet), avec les collectifs autour du nouvel appel unitaire à l’initiative de la Fondation Copernic… Mais, à cette heure, cela reste trop épars, trop fractionné.

La journée de grève et de manifestation du mardi 12 septembre à l’initiative de la CGT doit être une première étape pour fédérer toutes les résistances du monde du travail : celles des salariéEs du privé comme celles des agentEs du public, celles des chômeurEs comme celles des retraitéEs, contre l’ensemble de la politique de Macron.

Au-delà, sur l’ensemble des terrains de luttes, se pose la question de faire converger les mobilisations pour que se constitue l’unité des exploitéEs et des oppriméEs afin de reconstruire un parti pour la transformation révolutionnaire de la société, et donner corps à un projet de transformation sociale, d’émancipation.

Comme le dit la chanson, « Nous ne sommes rien, soyons tout ! »

Joséphine Simplon

SPIP 3.2.0 [23778] | Squelette BeeSpip v.

Mis à jour le dimanche 24 mars 2024