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Paradis fiscal pour les uns, enfer social pour les autres

La grève du 16 novembre ne sera ni une déferlante ni un enterrement de la mobilisation contre le gouvernement. Mais elle pose la question de la stratégie pour mettre un coup d’arrêt à sa politique.

La grève est appelée par la CGT, Solidaires, FO et la FSU, donc par les principales organisations syndicales. Que les directions centrales de ces organisations se sentent obligées d’appeler à une nouvelle journée de grève est le résultat d’une ras-le-bol populaire contre le gouvernement. Après les attaques contre le droit du travail, le gouvernement a embrayé avec l’inscription de l’état d’urgence dans le droit commun, les attaques contre l’assurance chômage, les annonces contre les hôpitaux et contre le statut des cheminots, puis l’attaque contre le bac et la mise en place de la sélection dans les universités.

La violence des attaques et leur rapidité sont inédites. À cela s’ajoute la dégradation des conditions de vie et de travail, le chômage, les licenciements. La loi travail XXL adoptée par ordonnances, impacte d’ailleurs les luttes contre les licenciements, les patrons ne faisant preuve d’aucune limite dans leur mépris des salariéEs et de leurs organisations.

Qu’on le veuille ou non, il est désormais clair qu’on ne peut plus se contenter de lutter secteur par secteur, réforme par réforme, car tout se mêle. Cela ne signifie pas qu’il ne peut plus y avoir de lutte partielle, dans une entreprise ou une branche, mais cela indique que, pour gagner, il devient indispensable de s’inscrire dans un plan de bataille de l’ensemble du monde du travail contre le patronat et le gouvernement qui le sert, comme l’atteste l’absence totale de réponse concrète du gouvernement sur les Paradise Papers…

La stratégie perdante des directions syndicales

Le plus terrible dans la situation est que le gouvernement est peut-être en train de gagner son pari : passer en force, ignorer son immense défaut de légitimité, casser les résistances pour régner sur un paysage de désolation. Pourtant, début septembre, les points d’appui étaient réels pour le monde du travail. Mais le combat ne semble même pas avoir eu lieu : les directions de FO et de la CFDT ont tout fait pour l’empêcher, les syndicats de la fonction publique ont divisé le mouvement avec la journée du 10 octobre, tandis que la confédération CGT ne se mouille pas suffisamment dans la construction de la mobilisation pour avoir une chance de vaincre les hésitations des travailleurEs à se lancer dans la bataille.

La dispersion est totale, là où il faudrait avoir construit, patiemment, des meetings unitaires entre syndicats, partis et collectifs qui compensent le refus d’agir de la CFDT et de FO ; des structures d’auto-organisation qui font le pont entre les salariéEs syndiqués et les autres ; des espaces démocratiques dans les syndicats qui permettent que les secteurs qui ont tenté de jouer un rôle moteur comme les routiers ou l’industrie pétrolière se coordonnent avec les secteurs moins militants…

Deux tentations peuvent maintenant exister. La première est de croire qu’il faut regrouper des secteurs radicaux en extériorité par rapport aux batailles syndicales. Ainsi, si nous relayons l’appel du Front social à manifester le 18 décembre, ce n’est pas parce que nous penserions que cette initiative peut exister indépendamment de la grève du 16, mais parce que ce type d’échéance devrait servir à fédérer celles et ceux qui veulent une autre orientation pour gagner.

La jeunesse au secours des salariéEs ?

La deuxième tentation serait de croire que tout est perdu, que nous sommes condamnés à subir la politique du gouvernement pendant cinq ans avant de faire appel à un sauveur aux élections de 2022. Mais tant que les luttes existent, l’espoir est permis, car il y a des points de convergence, de regroupement. La grève du 16 sera un lieu de ralliement pour permettre à la jeunesse de se mobiliser elle aussi contre la politique du gouvernement, en luttant contre la sélection à l’entrée des universités.

Il n’y aura pas de miracle, car les jeunes sont actuellement fortement divisés par les attaques de ces dernières années, qui l’ont fracturée entre les franges qui ont accès aux grandes écoles et aux filières sélectives, celles qui n’ont pas d’autre espoir que les filières professionnelles et celles qui ont tout à perdre dans la réforme. La jeunesse aura besoin de l’aide des organisations pour se mobiliser, s’organiser et peut-être, en retour, imprimer une nouvelle dynamique à la lutte contre ce gouvernement.

En tout cas, il ne peut y avoir d’autre orientation pour nous que de tout faire pour que les interactions entre jeunes et salariéEs, syndicalistes et non organisés, militantEs radicaux et travailleurEs démobilisés permettent aux unEs d’entraîner les autres dans la lutte.

Antoine Larrache

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024