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Trump, Netanyahou : Jérusalem n’est pas à vous !

Le 6 décembre, Donald Trump annonçait sa décision de reconnaître officiellement Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël, et d’y déménager l’ambassade des États-Unis, jusqu’alors située à Tel Aviv. Une décision hautement symbolique, qui sonne comme un encouragement adressé à Israël et à sa politique coloniale.

Rupture symbolique avec ses prédécesseurs Clinton et Obama ? Volonté de satisfaire la très sioniste droite chrétienne évangélique ? Proximité personnelle avec Netanyahou ? Contre-feu allumé suite à l’inculpation de Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale, dans « l’affaire russe » ? Il y a du vrai dans chacune de ces explications – qui ne s’excluent pas mutuellement – mais elles passent en partie à côté de l’essentiel.

Le trumpisme dans toute sa splendeur

Trump fait simplement, et avant tout, du Trump. Le droit international, les opinions des autres États – y compris les alliés arabes – et les avis de son entourage (son secrétaire d’État et son ministre de la Défense étaient opposés à cet arbitrage) n’ont pas pesé lourd dans la balance face à l’intime conviction de Trump que cette décision était, selon ses propres termes, « la bonne chose à faire ».

Ainsi va le monde selon Trump : ­indépendamment des conséquences qu’elles peuvent avoir, il y a des décisions qui sont intrinsèquement « bonnes », tandis que d’autres sont « mauvaises », et les « hommes courageux » doivent prendre les « bonnes » décisions. Une vision mystique de la politique qui fait écho à celle de George W. Bush, mais qui se double chez Trump, du fait de son habitus de golden boy et de sa posture anti-establishment, d’un mépris pour le réalisme qui prédominait dans la diplomatie US, qu’il assimile à de l’indécision et donc à de la lâcheté.

Jérusalem occupée, Jérusalem colonisée

L’arbitrage de Trump ne va pas bouleverser la situation sur le terrain. Jérusalem est en effet déjà occupée par Israël qui, à cet égard comme à bien d’autres, n’a jamais respecté le droit international. En 1968, soit un an après la conquête de la partie orientale de la ville, la résolution 252 exigeait d’Israël de « s’abstenir immédiatement de toutes nouvelles actions qui tendent à modifier le statut de Jérusalem ». En 1980, suite à l’annexion « officielle » de Jérusalem-Est, la résolution 476 évoquait « une violation du droit international ».

Ce qui n’a pas empêché Israël de mettre en œuvre sa politique coloniale en toute impunité : après 1967, les autorités n’ont classé que 13 % de Jérusalem-Est comme « zone constructible » pour les PalestinienEs, contre 35 % pour la colonisation. Les colonies se sont développées à grande vitesse (plus de 200 000 colons aujourd’hui) tandis que les PalestinienEs recevaient les permis de construire au compte-gouttes. Plus de 80 000 d’entre eux (sur 300 000) vivent aujourd’hui dans des logements qu’Israël juge « illégaux » et sont sous la menace d’un ordre de démolition.

Un encouragement pour Israël

Les discours sur la « mort du processus de paix » comportent ainsi une bonne part d’hypocrisie, dans la mesure où ils sous-entendent qu’il aurait existé, jusqu’aux déclarations de Trump, un « processus de paix ». De même, la thèse de la « rupture de l’équilibre » dans l’approche US exonère l’administration Obama de ses responsabilités, en laissant supposer qu’elle aurait eu une vision « équilibrée » de la question. Soit deux contre-vérités manifestes.

Mais la satisfaction dégoulinante de cynisme des responsables israéliens et de leurs soutiens révèle à quel point ils se sentent confortés dans leur impunité, à l’instar du Crif qui, une fois de plus, s’est cru autorisé à parler « au nom des juifs de France » pour demander à Macron de suivre Trump… Un Macron dont les pathétiques déclarations, lorsqu’il a reçu Netanyahou le 10 décembre, « invitant » le Premier ministre israélien à faire « des gestes courageux envers les Palestiniens », ne risquent pas de changer quoi que ce soit.

Rompre l’isolement des PalestinienEs

Israël va probablement se sentir pousser des ailes et accentuer encore un peu plus son emprise sur Jérusalem et les autres territoires palestiniens. Mais les PalestinienEs ne se soulèveront pas en masse, tant ils ont conscience de la dégradation du rapport de forces et tant le mouvement national est affaibli, délégitimé, divisé et miné par des rivalités de pouvoir. Et il ne faut pas davantage compter sur un quelconque soutien, malgré les condamnations de forme, de la part des États arabes qui, obnubilés par la guerre froide entre l’Arabie saoudite et l’Iran, privilégient un rapprochement avec Israël et les États-Unis.

Les PalestinienEs demeurent isolés : l’urgence est donc à la solidarité et, sans prétendre parler à la place des premierEs concernéEs, à souligner que le discours du « règlement négocié sous l’égide des États-Unis » est, sans contestation possible, une fiction qu’il est temps de remiser dans les poubelles de l’histoire, l’heure étant plus que jamais à la construction de la campagne de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre Israël.

Julien Salingue

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024