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Le président du Syndicat des gynécologues assimile avortement et homicide

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La clause de conscience, arme des réactionnaires contre l’IVG

Cette semaine a vu réémerger dans le débat public l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) avec des relents particulièrement nauséabonds. Après les propos du président du Syndicat National des Gynécologues et des Obstétriciens de France (SYNGOF) sur son refus de pratiquer l’IVG, un ensemble d’articles et d’interventions publiques ont été faites pour valider ou refuser son propos. Essayons d’y voir plus clair.

Adrien Balestrini
L’IVG serait-elle affaire d’opinion ? C’est en tout cas ce que semble croire le gynécologue Dr De Rochambeau, président du Syndicat des gynécologues et obstétriciens de France lorsqu’il répond au micro de l’émission télé Quotidien. M. de Rochambeau, lui qui pratique sa profession avec « ses tripes » et se lève à certaines heures de la nuit pour aller au charbon, refuse de pratiquer l’IVG, invoquant pour se justifier l’argument sacro-saint de la profession médicale, la clause de conscience.

Selon l’article 47 de la déontologie médicale, la clause de conscience permet, lorsqu’elle est invoquée, à un praticien de la santé de refuser de traiter un patient en fonction de ses convictions personnelles. Cependant, celle-ci est sérieusement discutable dès lors qu’il s’agit de refuser de pratiquer une opération qui met directement en jeu la vie de la patiente. Si ce gynécologue estime être dans son bon droit, son « opinion » réactionnaire se place en vive opposition aux luttes féministes qui réclament encore aujourd’hui le droit à l’avortement pour chaque femme dans le monde. Cette « opinion » révèle surtout une volonté machiste affirmée d’entraver le droit des femmes à disposer de leurs corps. Le contrôle extérieur sur l’accession ou non à l’IVG demeure intolérable.

L’interdiction de l’IVG est-elle un homicide ?

Dans une émission de radio de la chaîne Sud Radio, jeudi dernier, quatre hommes et une femme se sont rassemblés autour d’une table pour débattre sur la question « L’IVG est-elle un homicide ? ». Si nous ne prendrons pas le temps de nous plonger dans un débat éthico-politique sur l’humanité du fœtus, nous pouvons reformuler la question pour cerner un peu mieux les enjeux de la remise en question de ce droit fondamental.

Dans un rapport de 2017 de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de l’Institut Guttmacher, il est indiqué que de 2010 à 2014, plus de 25 millions d’avortements clandestins sont pratiqués à travers le monde et que 45 000 femmes meurent pendant l’avortement ou suite à des complications liées à celui-ci. Nous pouvons facilement en conclure que même si la législation d’un pays prohibe l’avortement, celui-ci est tout de même pratiqué clandestinement dans des conditions sanitaires dangereuses et avec des instruments dont l’usage premier n’est pas d’opérer un corps humain.

Une difficulté croissante à accéder à l’IVG dans les pays où elle est légalisée

Alors que la lutte pour la légalisation de l’IVG a traversé l’Amérique Latine ces derniers mois, dans les pays où elle est une conquête des luttes féministes inscrite dans la loi, elle est constamment remise en question par les chiens de garde du patriarcat. Il n’est pas rare de revoir surgir dans le débat public des figures prônant la défense du fœtus comme un être humain à part entière et considérant l’IVG comme un homicide, s’appelant eux-mêmes les « pro-vies ». C’est ainsi que de nombreux médecins – le Dr De Rochambeau n’étant pas un cas isolé – se défendent avec le bouclier confortable de la clause de confiance et laissent ainsi des femmes, souvent seules, se réorienter vers de nouveaux hôpitaux prenant en charge les IVG. De sorte que l’accès réel à l’avortement est de plus en plus entravé, même dans des pays où il est autorisé. Cette défense de la « vie » du fœtus se situe à mille lieues de l’intérêt subsidiaire que portent ces personnes à la vie et aux droits des femmes.

Il devient nécessaire, face à ces attaques incessantes contre le droit des femmes à disposer de leurs corps et face aux manques de moyens alloués aux centres de planification et d’éducation familiale, de continuer à revendiquer un accès égal et gratuit à toutes les femmes, aussi bien dans les grandes villes que dans les petits villages, et ça, en France comme à l’international.

Crédits : Alexandre GELEBART/20MINUTES

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024