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Europe  : « Progressistes contre populistes » , encore un mensonge macronien

Crédit Photo : Wikimedia Commons.

Dans la perspective des futures élections européennes, Macron se présente comme le chef d’un camp « progressiste » face aux nationalistes et aux populistes. Un clivage on ne peut plus trompeur.

Le 28 août à Milan, Orban (Premier ministre hongrois) et Salvini (ministre de l’Intérieur italien) se sont rencontrés. Orban a décerné à Macron le titre de « chef des partis promigrants » en Europe, et a déclaré : « Il y a actuellement deux camps en Europe. Macron est à la tête des forces politiques soutenant l’immigration. De l’autre côté, il y a nous... » Macron insiste lui aussi sur ce clivage et se présente comme le chef de file d’un « camp progressiste » face aux nationalistes et populistes.

En fait, s’il n’est pas question de sous-estimer le danger qu’ils représentent, Orban, Salvini, Le Pen... sont les « meilleurs ennemis » de Macron : ils lui permettent de tenter de redorer un blason défraichi après un peu plus d’un an de présidence. Selon le chef de LREM, Christophe Castaner, le camp des progressistes aurait, en France, vocation à rassembler « de Cohn-Bendit à Juppé »… L’objectif est clair : tenter d’attirer des électeurEs de gauche et siphonner la droite. Malgré les coups portés aux travailleurEs, Macron est en effet en difficulté : non seulement sa cote de popularité est au même niveau que celle de Hollande, mais les premiers sondages donnent à sa liste aux européennes environ 1/5 des suffrages, soit un score faible pour une majorité (et inférieur aux 24 % de Macron au premier tour de la présidentielle.

Orban et Salvini, « meilleurs ennemis » de Macron

Pourtant, la relance de l’Union européenne (UE) était présentée comme un des axes forts de sa présidence et, dès les premiers mois, il s’était activé en ce sens. Son objectif était de restaurer le couple franco-allemand comme moteur de l’UE, et de lui donner une impulsion dans un monde rendu de plus en plus incertain par la politique de Trump en avançant sur quelques dossiers : l’avenir de la zone euro, la taxation des géants du numérique, et une position commune sur l’immigration. Macron avait ainsi réussi à négocier avec Angela Merkel, en juin dernier, un texte commun pour un futur minibudget (bien en deçà de ce que voulait Macron au départ) commun de la zone euro et des mesures sur l’immigration. Mais très vite, il s’est avéré que le budget ne suscitait pas un franc enthousiasme parmi les autres États-membres. Et sur la question des migrations, rien n’a avancé : l’Europe reste une forteresse, et les gouvernements hongrois et italien ont fait clairement comprendre qu’ils ne se sentaient en rien engagés. Enfin, des divergences sont apparues sur la taxation des multinationales du numérique. Notons que Merkel, soumise à la pression de la droite de sa coalition et de l’extrême droite, a une liberté d’initiative plus restreinte et ne paraît pas prête à soutenir inconditionnellement Macron (d’autant que le parti d’Orban participe, comme les démocrates-chrétiens allemands, au Parti populaire européen du Parlement européen).

Un progressisme en carton-pâte

Mais au-delà des aléas et rebondissements qui ne vont pas manquer, une chose est claire : le pseudo-progressisme de Macron n’est qu’un masque. Sur les migrations, Salvini hurle et insulte mais il ne fait pas grand-chose de différent de ce que fait la France de Macron (et avant, de Hollande et Valls) : refuser d’accueillir des migrantEs, sauf au compte-goutte. Et si on regarde les politiques concrètement menées, on trouvera des similitudes : ainsi, en matière de fiscalité, « progressistes » comme « nationalistes » veulent réduire les impôts des riches et des entreprises. Macron l’a fait, Trump également, et Salvini entend le faire. Fondamentalement, comme l’écrivent Serge Halimi et Pierre Rimbert dans le Monde diplomatique de septembre, « les deux visions ont en commun […] le mode de production et de propriété ».

Les deux camps présentés comme opposés sont des serviteurs du capital : la politique des pseudo-progressistes nourrit les dérives nationalistes qu’ils dénoncent. Il faudra bien qu’aux élections européennes se fasse entendre une voix clairement opposée tant aux politiques capitalistes qu’aux dérives nationalistes et anti-immigréEs.

Henri Wilno

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024