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Grèce : une orientation claire est nécessaire !

Notre presse :
Hebdo L’Anticapitaliste - 279 (04/03/2015)
Mercredi 4 Mars 2015

Crédit Photo :
La manifestation à l’appel d’Antarsya à Athènes ce jeudi 26 février DR
Les 28 février et 1er mars se réunissait le comité central de Syriza, afin de se prononcer sur les dernières décisions, en particulier sur le « compromis » imposé par l’Eurogroupe.

Un amendement critique a été rejeté à 57,5 %, ce qui prouve la forte grogne dans ce parti tissé de différents courants autour du Synaspismos. Néanmoins, le texte de la majorité Tsipras l’a clairement emporté, ce qui reflète le poids de cette ligne dans Syriza, mais aussi la difficulté à trouver une ligne d’équilibre entre soutien à des annonces positives et bataille contre la logique de la troïka.

Quelques mesures positives, des positions inquiétantes...
Ces derniers jours, le gouvernement a mis en avant des mesures dont on ne pourrait que se réjouir, même si elles sont en elles-mêmes insuffisantes car « tenant compte du contexte » (une formule devenue rituelle) : nourriture et courant électrique gratuits pour 300 000 familles ; annonce du prochain dépôt du projet de loi sur la réintégration des licenciéEs du secteur public, y compris les nettoyeuses du ministère de l’Économie ; libération à ce jour de 350 immigréEs retenus dans les six camps de rétention du pays ; blocage pour réexamen de l’étude de nouvelles installations de la société de mines d’or Eldorado, qui détruit la région de Skouriès dans le nord (en réaction, les mineurs protestent et les comités de lutte restent prudents) ; etc. Et aussi la bataille annoncée contre les grands groupes de médias et contre les gros fraudeurs fiscaux : 3 500 dossiers sont dans le viseur, soit 7 milliards d’euros, mais une impuissance avouée à soumettre à l’impôt les 120 milliards d’euros investis hors de Grèce...
Mais toutes ces mesures ne remettent pas en cause le cadre imposé par la troïka, quel que soit le nom que Syriza veut lui donner, et Tsipras lors du dernier conseil des ministres vendredi 27 février en a rajouté dans les contre-vérités : « Que ceux qui parlent d’un 3e mémorandum l’oublient : les mémorandums ont pris fin le 25 janvier ! (...) Nous avons prouvé en actes que l’austérité n’est pas la seule voie ». Et d’insister sur une machination montée par l’Allemagne et soutenue par l’Espagne et le Portugal, ainsi que par l’ex-Premier ministre Samaras, afin d’asphyxier la Grèce. Ce projet machiavélique aurait inquiété « de grand pays comme la France, les USA et la Chine, les amenant à prendre des positions plus positives et responsables »...
Alors que le catalogue des propositions validées par l’Eurogroupe (et le Parlement allemand) maintiennent la logique des mémorandums (et l’asphyxie financière !), la ligne de la direction majoritaire de Syriza serait donc de s’autoféliciter pour avoir ouvert la possibilité des réformes, pour avoir divisé le camp européen et international, avançant par ailleurs la thèse d’une machination allemande. Conclusion de tout cela au comité central : le parti a certes droit à la critique, mais il doit offrir un visage plus uni...

Construire des initiatives unitaires et de classe
On ne s’attardera pas ici sur la tactique de la droite qui voudrait faire voter au Parlement l’accord de l’Eurogroupe dans l’espoir de voir Syriza se diviser (ainsi, Lafazanis, dirigeant de la Plateforme de gauche de Syriza, refuse un tel vote…), ni du Pasok qui veut faire reconnaître par la direction de Syriza qu’elle est enfin devenue réaliste en se ralliant à la politique du précédent gouvernement... Ce qui est déterminant aujourd’hui, ce sont les prises de position à gauche, et les perspectives pour une opposition qui impose une ligne de rupture avec la logique de la troïka, et pas seulement des mesures d’aide humanitaire même si elles sont fondamentales en cette période.
La semaine écoulée a vu les premières mobilisations ou déclarations allant dans ce sens, mais le constat est l’absence de démarche ! Du côté de Syriza, DEA fait une analyse critique qui rejoint celle de courant Antarsya, mais que ce soit dans les déclarations de ses dirigeants ou dans leur tract ne proposant rien de concret (« Pas un pas en arrière »), les perspectives restent largement à définir.
Deux rassemblements ont eu lieu la semaine passée : le premier à l’appel d’Antarsya et d’autres, réunissant un millier de personnes sur le thème « ni FMI ni UE, que le peuple prenne ses affaires en mains » ; le second à l’appel du KKE, réunissant quelques milliers de personnes sur une ligne d’« alliance populaire » autour du seul KKE (avec dans leur journal une critique stupide d’Antarsya !).
Or, toutes ces initiatives et prises de positions le montrent : si le courant radical parvient à proposer des initiatives unitaires (manifestations, propositions sur la dette...), il pourra empêcher les reculs actuels et permettra d’avancer !

D’Athènes, A. Sartzekis

P.-S.

L’amendement (voir texte intégral ci-dessous) présenté par la plate-forme de gauche rejetant l’accord de l’Eurogroupe et la « liste de réformes » présenté par le gouvernement a obtenu 41% des voix, avec 55% contre et 4% d’abstention ou de vote blanc (les votes étaient : 68 en faveur, 92 contre, 6 abstentions / votes blancs). La plate-forme de gauche a maintenant étendu son influence de manière significative, en incorporant dans les votes stratégiques Les maoïstes du KOE et le groupe autour de la (désormais ex) chef du département économique de la partie John Milios.
Tous les médias rapportent que le parti est désormais clairement divisé sur la ligne suivie jusqu’à présent par le gouvernement et que le comité central « a émis un avertissement au gouvernement », pour citer l’article du principal journal pro-système To Vima.
Dans le même sens, le nouveau secrétaire du parti, Tassos Koronakis, a été élu par une majorité très étroite (102 sur 199), le candidat de la Plate-forme de Gauche, Alekos Kalyvis, obtenant 64 votes, un candidat indépendant 1 vote, et avec 32 membres du Comité Central s’abstenant.
Lors du vote pour le nouveau secrétariat politique de 11 membres, la liste du bloc majoritaire a obtenu 110 votes (6 sièges), la plate-forme de gauche 63 (4 places), les maoïstes (KOE) 21 (1 siège), une liste indépendante 2 votes (0 siège), + 3 abstentions.
La conclusion est assez simple : le débat crucial sur la future stratégie est maintenant entièrement ouvert et la gauche du Parti est dans une position très forte pour mettre en avant sa stratégie en faveur d’une approche alternative et un « plan B ».

Le texte intégral de l’amendement de la Plate-forme de gauche
“Nous exprimons notre désaccord avec l’accord et la liste des réformes convenues avec l’Eurogroupe.
Les deux textes représentent un compromis non-souhaitable pour notre pays et l’oriente dans des directions, dans leurs points essentiels, éloignées ou en contraste clair avec les engagements programmatiques de SYRIZA.
Dans l’avenir immédiat, SYRIZA, en dépit des accords de l’Eurogroupe, devrait prendre l’initiative de mettre en œuvre progressivement et comme une question de priorité ses engagements et le contenu de sa déclaration gouvernementale programmatique.
Pour aller dans cette voie, nous devons nous appuyer sur les luttes puvrières et populaires, contribuer à leur revitalisation et à l’expansion continue du soutien populaire pour résister à toute forme de chantage et promouvoir la perspective d’un plan alternatif visant à la pleine réalisation de nos objectifs radicaux.
La principale conclusion des derniers développements est la nécessité, qui est d’une importance décisive pour la voie que nous allons suivre, que les décisions soient prises à la suite d’une discussion dans les instances dirigeantes du parti, qui doivent, conjointement avec le parti et les sections du parti dans son ensemble, revaloriser leur fonctionnement et jouer un rôle de premier plan dans le nouveau cours progressiste de notre pays”.

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