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« Sauver notre planète », une lutte indissociable de la lutte contre le capitalisme

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Rapport du GIEC

« Pour sauver la planète, il reste encore un espoir, mais il est nécessaire de faire vite. » C’est la conclusion d’un rapport de 400 pages du GIEC, un groupe d’experts intergouvernemental chargé des études sur l’évolution du climat, qui alerte sur les risques d’un réchauffement climatique trop important.

Marcel Ali
Selon le rapport du GIEC, si le réchauffement climatique dépasse les 1.5°c, les conséquences seront irréversibles : augmentation des vagues de chaleur, extinction d’espèces, déstabilisation des calottes polaires, exposition de 50 millions de personnes à la montée des eaux et une réduction de moitié des espaces de biodiversité. Mais c’est surtout dans les secteurs de la pêche et de l’agriculture que les conséquences seront les plus terribles, avec une baisse drastique des rendements. Les rendements de blé, par exemple, diminuent de 10% par degré gagné par la terre, ce qui projetterait des centaines de millions de personnes de plus dans la pauvreté extrême, notamment dans l’Afrique subsaharienne, en Asie du sud-est et dans les pays d’Amérique latine. Le problème, c’est que les 1.5°c de réchauffement, c’est déjà demain : le GIEC estime que ce seuil devrait être atteint en plus tôt en 2030 si rien n’est fait.

La conclusion du rapport du GIEC est claire, il reste un espoir et il est encore temps. Cependant, combattre le réchauffement climatique nécessite un combat plus global articulé à un changement radical des rapports de production à l’échelle internationale, ce qui passe nécessairement par une remise en cause du système capitaliste où la production est déterminée en fonction d’une unique variable : le profit comme seul étalon.

Barbarisation du monde

Ce rapport commandé par la COP21 nous présente qu’une augmentation de 1.5°c serait « acceptable », en ce sens qu’elle limiterait de manière exponentielle les effets d’un réchauffement a 2°c. Il est clair que, si l’on s’en donnait les moyens, cette baisse de l’augmentation serait une mesure d’urgence tout à fait nécessaire même si insuffisante. Une fois donnée, cette étude dont la conclusion préconise une limite du réchauffement à 1.5°c offre par là même un objectif politique minimal bien commode aux puissances impérialistes, quand bien même ils l’appliqueraient. En effet, 1.5°c de réchauffement de la planète, c’est déjà des millions de réfugiés climatiques, et une dégradation des conditions de vie pour des millions de personnes à travers le monde et une réduction des écosystèmes naturels. Étant donnée l’urgence écologique, nous ne pouvons accepter ces 1.5°c qui sont déjà trop. Il faudrait mettre en œuvre des changements radicaux dans la manière de produire, sous le contrôle de monde du travail et de la population, pour inverser de manière importante la dynamique du réchauffement climatique.

Ce que le capitalisme est incapable de faire car dans sa structure, le capitalisme au stade impérialiste extractiviste est un ennemi du climat. Il n’est dans l’intérêt d’aucun capitaliste de réduire sa production ; réduire la cadence de ses machines reviendrait pour lui à perdre des parts de marché qui seraient instantanément prises par un concurrent, remplacées par d’autres machines. Le capitalisme a dans ses fondements celui de produire, sans se soucier de l’environnement. Cette quête du profit, qui passe outre les préoccupations environnementales contraires à ses intérêts, voire qui se saisit de la problématique écologique quand cela peut être une nouvelle branche de la production rentable, donne lieu à des phénomènes extrêmement néfastes pour la planète tels que la surproduction et l’obsolescence programmée qui sont des aberrations scientifiques et qui conçoivent les ressources de la terre comme illimitées. Le capitalisme, dans sa structure, est l’ennemi du climat.

Si les capitalistes n’ont aucun intérêt à se préoccuper de l’environnement au niveau micro-économique, c’est-à-dire à leur échelle individuelle, on pourrait penser qu’ils ont tout intérêt à se préoccuper de l’environnement au niveau macro-économique, c’est à dire au niveau collectif. Cependant, on constate chaque jour que c’est l’exact contraire qui se produit avec notamment une augmentation des rivalités entre les puissances impérialistes elles-mêmes, qui procèdent actuellement à un tournant protectionniste qui rompt avec la période du multilatéralisme et donc, dans le même processus, mettent leurs appareils productifs en concurrence directs. C’est aussi une augmentation des tensions entre les puissances développées et les pays semi-développés, ces derniers voyant les accords sur le climat comme une manière pour les pays déjà développés de limiter leur développement et leurs potentielles concurrences sur les marchés.

Ce que nous voyons aussi de plus en plus, c’est que les questions énergétiques sont maintenant au cœur de tous les conflits : au proche et Moyen-Orient (question de l’eau en Palestine, enjeux énergétiques Syrien, tension du golfe Persique) comme en Afrique (enjeux pour le contrôle des nouveaux gisements de pétrole, exploitation impérialiste de l’uranium…), en Asie (tension en mer de Chine…) ou encore en Ukraine (tension autour des gazoducs), ce qui devrait nous faire réfléchir. Dans tous les conflits de basse ou haute intensité, la question énergétique est devenue centrale. Depuis le XIXe siècle la bataille pour le contrôle des ressources énergétiques a toujours été un des éléments déterminants de la course à la guerre, mais la question du contrôle des ressources qui se fait de plus en plus rare prend une part chaque jour plus importante et centrale dans les conflits militaires et commerciaux ; le phénomène, loin de s’inverser, est voué à s’accentuer dans un monde capitaliste.

Les victimes de ces conflits sont déjà là et par millions au Proche-Orient et en Afrique, malheureusement, avec l’augmentation des tensions inter-impérialistes, il est certain que le nombre de conflits va aller en augmentant et sur tous les continents du globe ce qui va accentuer le déplacement forcé de millions de personnes supplémentaires. La détérioration du climat va décupler le nombre de réfugiés dits « climatiques » de manière exponentielle. Le capitalisme entre dans une phase de barbarisation profonde du monde et face à l’urgence climatique, la lutte contre le réchauffement du climat et celle pour la liberté de circulation et d’installation des migrants sont indissociables.

Macron, ennemi du climat

Dans ce contexte politique, Macron a tenté une récupération opportuniste ridicule à la sortie du rapport du GIEC en se portant comme l’homme du climat, le sauveur de la planète dans un monde politique où les accords de Paris sont remis en question par les grandes puissances industrielles. Macron est en réalité forcé de tenter de se donner cette image pour essayer de se sortir un peu de la crise profonde interne du gouvernement de cette rentrée, qui n’en finit pas de se creuser chaque jour d’avantage, devenant une des crises les plus important de la Ve République. Il cherche par cette manœuvre à reconquérir une base sociale plutôt « écolo » séduite notamment par Nicolas Hulot qui a quitté le navire exécutif et ainsi jeté le discrédit sur la « politique environnementale » de Macron.

Non seulement cette récupération est une manœuvre grossière et forcée, mais elle est fondamentalement fausse car le bilan environnemental de Macron est criminel : la France a dépassé ses objectifs de 6,7% en matière de limitation des émissions de CO2. Avec une hausse constatée dans les trois secteurs les plus émetteurs : les transports (+10,6%), le bâtiment (+22,7%) et l’agriculture (+3,2%). Ce que l’on comprend au vu des politiques menées par celui-ci ; bus macrons, suppression de 9000km de ligne de chemin de fer, projet d’exploitation de la montagne d’or –extrêmement polluant en Guyane… Mais aussi continuation et accentuation des politiques impérialistes en Afrique et au Moyen Orient. Bref, Macron ne sera jamais un allié de l’environnement, mais un de ses ennemis principaux.

Le socialisme ou la mort

Ces dernières années, la classe dirigeante essaye de se montrer toujours plus sous un aspect « vert », en défense de l’environnement, contre le réchauffement climatique… à travers des longs discours. Bien que ce paraître soit d’une hypocrisie totale, il est surtout contradictoire pour les raisons citées plus haut, mais aussi tout simplement parce que les classes possédantes sont les moins touchées, du moins pour l’heure, par le réchauffement climatique. La bourgeoise est donc la classe qui a le moins conscience des enjeux climatiques et de leurs répercutions. Comment peut-elle donc « mener un combat » qui va contre ses intérêts immédiats, mais surtout, dont elle a le moins conscience. Les capitalistes ne sauveront pas la planète.

Il est indéniable qu’il existe des inégalités fortes face aux pollutions ou aux catastrophes naturelles engendrées par le réchauffement climatique, que ce soit au niveaux international avec un appauvrissement des terres dans les régions les plus pauvres du globe, mais aussi en France où la qualité de l’air est la plus faible dans les quartiers nord de Paris ou Marseille, là où vivent les populations les plus précarisées, tandis que les riches vivent dans les quartiers où la qualité de l’air est la meilleure, ou directement en dehors des villes.

La lutte contre le réchauffement climatique ne peu donc réellement s’effectuer que sur une base de classe, par la prise du pouvoir de la classe directement victime chaque jour des conséquences du changement climatique, sur la basse de leur conscience collective des enjeux réels. Le capitalisme, pour toutes les raisons citées plus haut et bien d’autres, est la cause principale du réchauffement climatique ; l’abattre est donc une nécessité pour lancer une véritable transition écologique. Cette transition s’effectuera sur la base d’une planification scientifique de l’économie, c’est-à-dire la mise à bas de l’anarchie de la production capitaliste, de la distribution et de la consommation qui en découlent.. La planification scientifique de l’économie mettra fin à la surconsommation, interdira l’obsolescence programmée par l’implémentation dans tout cahier des charges d’une durée de vie minimale des produits de 50 ans, ce qui est déjà technologiquement possible à l’heure actuelle, mais qui sonne comme une monstruosité pour les capitalistes en quête perpétuelle de profit. Enfin, par l’organisation scientifique du travail en fonction des besoins à l’échelle internationale, par la rationalisation des circuits de production et par le changement de la manière de consommer induit par le changement des méthodes de productions, l’économie planifiée sous contrôle ouvrier sera capable de réduire drastiquement les dépenses énergétiques dans tous les secteurs. Cela rend alors possible une transition vers les sources d’énergie renouvelable, et la capacité de répondre aux besoins, préalablement réduis, d’énergie. Il sera aussi nécessaire de lancer des politiques de décarbonisation de l’atmosphère à l’échelle mondiale avec des programmes de reforestation.

De plus, il est nécessaire de concevoir la lutte contre le réchauffement climatique comme une tâche mondiale réalisée dans un mouvement ; imaginez qu’un gouvernement ouvrier réussisse, a absorber plus de CO2 qu’il n’en rejette, et bien cela ne sera en aucun cas suffisant tant que les grandes puissances impérialistes continuent leurs rejet massives de Carbonne. Il sera donc nécessaire de dépasser le concept d’état-nation au nom de l’internationalisme ; il est impossible de combattre le climat dans un seul pays, la lutte contre le réchauffement climatique doit se développer dans le monde en même temps que la révolution devient mondiale.

• Manifester dans les différentes marches au climat est une nécessité, cependant, il est clair que les mots d’ordre « d’interpellation des politiques », génèrent des illusions sur les moyens de lutte pour le climat. En effet, nous n’avons rien à attendre de la part des capitalistes et des gouvernements à leur service. Il s’agit de dénoncer le système productif capitaliste comme l’unique responsable du réchauffement climatique. La prise en charge de cette lutte centrale par les directions du mouvement ouvrier est indispensable, de même que la prise en charge des questions climatiques par ceux qui en sont directement victimes, c’est-à-dire la population. Une lutte écologique qui est donc indissociable de la lutte contre le système capitaliste.

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024