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Gilets Jaunes : le mouvement s’ancre. Que font les syndicats ?

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Le climat social se réchauffe...

La pression du mouvement des Gilets Jaunes se fait sentir au cœur des organisations syndicales. Contre l’avis du bureau confédéral, FO Transport appelle ses militants à rejoindre les mobilisations, quand, la CGT Total a appelé depuis mercredi à la grève dans les raffineries. Y compris la CFDT Transport a été contrainte de se positionner, même si c’est pour refuser un quelconque ralliement.

Yano Lesage
Face à l’ampleur et au caractère inédit de la mobilisation des Gilets Jaunes, les organisations syndicales sont au plus mal, et ça se sent. Car c’est aussi une partie de leurs bases qui, sans autre mot d’ordre de leur confédération, ont mis pour un temps de côté leur gilet syndical pour endosser, sur les piquets qui sillonnent la France, le jaune du moment. Mais certains en appellent désormais au soutien de leurs organisations syndicales. Leur tempérance alors que la France bouillonne, ne se comprend plus.

FO Transport appelle à soutenir les Gilets Jaunes contre l’avis de la confédération

Dans un communiqué du 20 novembre, la Fédération Nationale des Transports et de la Logistique FO/UNCP, 3e organisation du secteur, appelle tous ses militants et adhérents à « participer et à organiser toutes actions visant à revendiquer l’augmentation du pouvoir d’achat ». Très remontée, la fédération FO Transport, précise ne pas exclure « de durcir le mouvement par un appel à la grève de l’ensemble des secteurs qu’elle représente » face au « mépris et à l’arrogance du gouvernement ». Dirigée par Patrice Clos, candidat au poste de premier secrétaire de FO, la décision de la Fédération n’a pas reçu l’aval du Bureau Confédéral, occupé à régler sa crise de succession après la démission de Pascal Pavageau. Frileuse vis-à-vis des manifestations politiques, FO se retranche, une fois de plus, derrière l’indépendance syndicale. Même pour des questions de pouvoir d’achat qui touchent de plein fouet le monde du travail…

La CGT Total appelle à la grève quand Martinez annonce au 1er décembre une date de manifestation

Du côté de la CGT, là aussi, Philippe Martinez temporise. Il y a maintenant cet appel à la grève de 24 heures, un mouvement qui pourra être reconduit, pour mercredi 21 novembre parti de la CGT Total. Si la grève était prévue de longue date pour peser, à la veille d’une négociation salariale annuelle, elle est un point d’appui extrêmement important, d’autant plus qu’elle s’affiche en soutien explicite aux gilets jaunes, dans une situation ou la direction confédérale, dirigée par Martinez, ne propose qu’en tout et pour tout qu’à se joindre à une manifestation le 1er décembre, un samedi, initialement prévue sur les questions d’emploi, et désormais élargie au pouvoir d’achat. Soit dans une semaine. Alors que la mobilisation Gilets Jaunes bat encore son plein et prévoit une nouvelle mobilisation d’ampleur le samedi 24 novembre.

La CFDT : contention et trahison

Si la position des différentes organisations syndicales parait en dessous de tout, celle de la CFDT touche le fond. Pour la CFDT Transport, qui a été contrainte de révéler sa position mercredi 21 novembre, pas question de se mêler aux gilets jaunes. Sur BFM-TV, Patrick Blaise patron de la Fédération a déclaré que « les revendications des Gilets Jaunes ne sont pas les nôtres ». « Nous, nous nous battons pour le pouvoir d’achat » a-t-il ajouté. Allez comprendre.

Sans aucun appel à soutenir le mouvement, Laurent Berger chef de la CFDT, en bon petit soldat de Macron, s’est cependant empressé d’appeler le gouvernement à « réunir très rapidement les syndicats, les organisations patronales, les associations pour construire un pacte social à la conversion écologique » pour calmer la grogne et faire la courbette au Medef. Une proposition à laquelle Edouard Philippe a répondu une fin de non recevoir, contrairement aux organisations patronales, notamment du Medef, en la personne de Geoffroy Roux de Bézieux qui lui a répondu par Tweett : « on peut d’ailleurs commencer tout de suite sans attendre l’Etat ». Preuve de l’engouement du patronat pour la proposition…

En avant le mouvement ouvrier !

Les réticences de la première heure des organisations syndicales à l’égard des gilets jaunes pouvaient se comprendre à la veille de la manifestation du 17 novembre. A Béziers, la CGT des fonctionnaires territoriaux avait toutes les raisons de ne pas suivre la consigne donnée par le maire xénophobe de la ville, Robert Ménard, à afficher le « gilet jaune » sur leurs tableaux de bord tant la manœuvre sentait la récupération d’extrême-droite. Cependant, à l’heure actuelle, s’il y a bien évidemment des éléments du Rassemblement National dans les Gilets Jaunes, des attitudes xénophobes condamnables, les militants de l’extrême-droite sont loin de parvenir à mettre la main sur un mouvement d’ampleur qui le dépasse largement dans ses formes (blocage des dépôts pétroliers, ouverture de péages et de parkings gratuits) et dans ses revendications (rétablissement de l’ISF, suppression de la TVA pour les produits de première nécessité, retour des services publics dans les campagnes, suppression du CICE, crédit d’impôt au patronat, …). De plus, les premières formes de répression policière, parfois très violentes, contre les gilets jaunes, mettent à mal le discours de Marine Le Pen sur le soutien aux forces de l’ordre.

Dans le contexte d’un climat social qui se réchauffe, il serait nécessaire et souhaitable que le monde du travail et ses organisations vienne renforcer la mobilisation sur le pouvoir d’achat qui s’exprime dans le mouvement des Gilets Jaunes. En appelant à des grèves, à un blocage de l’économie depuis les lieux de travail, le mouvement ouvrier serait en mesure de donner à la lutte légitime pour le pouvoir d’achat un contenu et une délimitation de classe. Mais aussi de se réconcilier avec une partie des « oubliés », ces ménages modestes périurbains et de la ruralité pour ressouder les contours de notre classe, aujourd’hui diffractée.

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024