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Haïti. Comme les Gilets jaunes, la population se révolte contre la vie chère.

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Dans le sillon des Gilets Jaunes…
Haïti. Comme les Gilets jaunes, la population se révolte contre la vie chère.

Depuis plus d ’une semaine, Haïti est le terrain d’émeutes et de nombreuses manifestations, le peuple en colère réclame le départ du président Jovenel Moïse. La misère et l’inquiétude d’une population ne trouve pour l’instant que comme unique réponse la répression violente d’un pouvoir et d’une police qui a déjà fait sept morts parmi les manifestants.

Simon Derrerof
Le début de la contestation prend son origine dans un rapport de la Cour supérieure des comptes dévoilant la gestion calamiteuse, la corruption et les détournements des fonds prêtés depuis 2008 par le Venezuela à Haïti pour financer son développement et sortir des nombreuses crises naturelles que le pays a subies. Une quinzaine d’anciens ministres et hauts fonctionnaires sont épinglés, le président actuel Moïse est également sous le feu des critiques, une de ses entreprises a été bénéficiaire de fonds pour un projet de construction de route sans signature de contrats. Ces révélations ont exacerbé la colère populaire qui s’exprime depuis le 7 février dans les rues.

Haïti est plongé depuis le 7 février dans une crise politique profonde, les manifestations populaires ont paralysé le pays et ont pris graduellement de l’ampleur. La police a d’abord fait état de deux morts jeudi, avant qu’un adolescent de 14 ans ne soit tué par balles samedi, dans la capitale Port-au-Prince, un des épicentres du mouvement contestataire. On compte aujourd’hui déjà sept victimes tuées par la répression policière. Face à la colère de la population et des masses populaire la réponse du gouvernement se manifeste à travers les grenades, les coups de feu et le mutisme face aux revendications du mouvement. Les manifestants réclament d’abord, dans ce pays parmi les plus pauvres de la planète, de pouvoir manger à leur faim. L’inflation dépasse les 15% depuis deux ans alors même que Jovenel Moïse s’était fait élire sur la promesse « de mettre à manger dans toutes les assiettes et de l’argent dans les poches ». Face à une situation d’émeutes le gouvernement semble quelque peu désemparé face à ce soulèvement spontané et use d’une répression meurtrière : « Le gouvernement reconnaît le droit de toute personne à manifester et à exprimer ses droits selon la loi mais piller des magasins, bloquer la rue, brûler des pneus, briser les vitres des voitures et jeter de l’huile sur la chaussée n’entre pas dans ce cadre », a seulement tweeté le secrétaire d’Etat à la communication, Eddy Jackson Alexis.

Face à un peuple qui se bat pour survivre le gouvernement haïtien affirme sa solidarité pour les plus riches. Sa politique au service de la classe bourgeoise ne fait aujourd’hui plus illusion pour l’ensemble des travailleurs et des classes populaires haïtiennes. Les trop nombreux scandales de corruption ont révélé au grand jour la politique d’un gouvernement au service de son monde, et l’hypocrisie absolue d’un président qui utilise l’argent public pour remplir ses poches et celle de ses proches, plutôt que de tenter de résoudre une situation sanitaire préoccupante. Un manifestant interrogé affirme justement qu’un « gouvernement qui ne peut pas donner de la nourriture et de l’eau à son peuple doit démissionner, il faut aussi que la bourgeoisie se décide à ne plus accaparer les richesses car nous, nous sommes plus nombreux du côté des quartiers populaires », montrant que dans ce climat de forte crise, les classes populaires se révoltent contre des années de précarité et d’oppression bourgeoise, contre une politique qui n’a pour but que de bénéficier aux secteurs les plus puissants et les plus riches, ayant pour unique conséquence la polarisation sociale.

L’affirmation du manifestant montre pourtant que la majorité se trouve du côté des quartiers populaires et des classes travailleuses. Face à une situation devenue intenable pour la population, la seule solution semble être la mobilisation pour exiger le partage des richesses, et une politique au service de ces classes populaires à même de proposer une vie décente et équitable pour tous.

Le constat est clair, en Haïti comme ailleurs les politiques bourgeoises au service du monde capitaliste desservent les classes travailleuses et populaires. La réponse des gouvernements au pouvoir face aux colères légitimes semble être toujours la même : tirs, LBD 40, lacrimos, mutilations et meurtres...

Ce système ne tombera pas sans le combattre, et la violence actuelle s’inscrit, en somme, dans la continuation de cette politique coercitive. Face à la lutte de la majorité, cette répression ne pourra rien. Il commence aussi à poindre la certitude que ces gouvernements bourgeois sont destinés à tomber et à affronter la colère que leurs politiques injustes ont semé. Solidarité avec tous les travailleurs et avec toutes les classes populaires opprimées.

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024