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Effondrement de 13% du PIB. Face à la crise le gouvernement offre 100 milliards au patronat

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Ce vendredi l’Insee a annoncé une baisse de 13,2% du PIB. Une chute historique qui présage de l’ampleur inédite de la crise économique, face à laquelle Bruno Le Maire a assuré le grand patronat de son soutien, avec un plan de relance de 100 milliards d’euros dont les détails seront dévoilés le 25 août prochain.

Wadii Adi
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, invité sur CNEWS ce vendredi a réitéré l’orientation pro-patronale du gouvernement face à la crise

Un effondrement historique de l’économie mondiale

« Depuis qu’il mesure l’activité économique française de façon trimestrielle, jamais l’Institut national des statistiques n’avait enregistré pareil effondrement », affirme Le Parisien. En effet, si elle s’avère légèrement moindre que les prévisions initiales de l’Insee qui évoquait en juin une baisse de 17%, la chute de 13,2% du PIB dévoilé par l’institut ce vendredi est inédite, au moins depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Et pour cause, l’arrêt brutal de l’économie déclenché avec le confinement a accéléré des tendances négatives déjà en germes dans certains secteurs industriels tels que l’automobile, et en a entraîné d’autres à sa suite tels que l’aéronautique ou le tourisme.

Selon Le Monde, Renault subi « la perte nette la plus importante de son histoire ». Le constructeur automobile qui a déjà annoncé 15.000 suppressions de poste dans le monde dont 5.000 dans le monde, a communiqué jeudi sur un recul de 7,3 milliards d’euros au premier semestre 2020.
Airbus a de son côté annoncé avoir subi une perte nette de 1,9 milliards d’euros ce semestre. L’avionneur européen qui a également annoncé un plan de suppression d’emplois similaire fait les frais de la division par deux de ses livraisons d’avions pendant la période marquée par la crise sanitaire. Et chez Air France KLM la situation est encore plus dramatique puisque le groupe a annoncé jeudi une baisse de 83% de son chiffre d’affaire pour le second trimestre 2020, avec 2,9 milliards de perte nette.
Même dans les secteurs les moins touchés par la crise enregistrent une baisse non négligeable, à l’instar de l’alimentaire (-0,5%) et les services marchands (-6,2%). Le chiffre d’affaire du groupe Danone a ainsi reculé de 8,3% ce trimestre, « plombé par la chute des ventes d’eau en bouteille dans les bars et restaurants ».
« S’agissant des services, les dépenses de services de transports (-45,8 %) et d’hébergement-restauration (-56,9 %) s’effondrent, en lien avec les restrictions administratives mises en œuvre pour lutter contre la pandémie », relate également l’Insee.

Une chute inédite du PIB français qui s’inscrit dans le cadre d’un effondrement historique de l’économie mondiale. Alors que les exportations françaises enregistrent une baisse plus importante ce trimestre (–25,5 % après – 6,1 %) que les importations (–17,3 % après – 5,5 %), la Banque Mondiale estime ainsi une contraction de 5,2% de l’économie mondiale, tandis que le niveau des importations mondiales pourrait chuter de 10% cette année selon Les Echospour qui « L’Union Européenne va affronter la pire crise économuique de son histoire ».
Des prévision inquiétantes au moment où l’Espagne a annoncé une chute de 18,5% de de son PIB au second trimestre 2020 – « la plus forte glissade des grandes économies de la zone euro » toujours selon Les Echos – et où l’Allemagne enregistre un recul de 10,1% de son PIB, « son plus important recul depuis l’après-guerre » selon Le Monde.
La Commission Européenne qui présenté mercredi ses prévisions, table sur une baisse de 7,7% pour l’ensemble de la zone euro. Du jamais vu depuis sa création, comme en témoigne le commissaire européen en charge de l’Économie, Paolo Gentiloni. Selon lui, l’activité économique « a quasiment fondu d’un tiers du jour au lendemain ».

Plan de relance du gouvernement : derrière la « croissance verte » et les mesures « chocs », encore 100 milliards pour le grand patronat

Le 14 juillet dernier, Jean Castex annonçaitles grandes lignes d’un plan de relance à hauteur de 100 milliards d’euros, adossé à la loi de Finance 2021. Un plan qui tente de concilier la volonté du gouvernement de reconquérir une partie de son électorat de centre-gauche séduit par EELV et déçu par le macronisme, en même temps qu’à assurer son plein soutien au grand patronat. En plus des mesures écologistes chiffrées à 20 milliards d’euros comme la lutte contre l’« artificialisation des sols », la « croissance écologique », les « Contrats de Développement Écologique », les « Plans Vélo », la régulation de la publicité, ou la rénovation thermique des bâtiments, le Premier Ministre a ainsi annoncé la mise en place des « repas à 1€ » dans les CROUS pour les étudiants boursiers, la revalorisation de 100€ de l’allocation de rentrée.
Mais à côté de ces mesures chocs pour marquer l’opinion, le gouvernement choisi d’offrir au patronat 40 milliards d’euros destinés à l’industrie avec notamment des baisses d’impôts de production, en plus des baisses de charge à hauteur de 4.000€ par an pour l’embauche de jeunes de moins de 25 ans touchant des salaires allant jusqu’à 1,6 fois le SMIC, ou encore de 400.000 contrats précaires à durée déterminé (contrats d’insertion et services civiques) et 200.000 formations qualifiantes sans promesses d’embauches.

Une politique pro-patronale assumée par Bruno Le Maire ce vendredi sur CNEWS. Après avoir défendu son bilan en affirmant que l’effondrement du PIB est « moins sévère que prévu », passant sous silence la gestion catastrophique de la crise sanitaire par le gouvernement, le Ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance affirme son intention de « continuer à avoir des mesures radicales » pour espérer « retrouver d’ici deux ans le même niveau de prospérité qu’avant la crise ». Interrogé sur les aides publiques aux entreprises, à l’instar des 7 milliards d’aides publiques pour Air France KLM ou du prêt de 5 milliards d’euros garanti par l’État pour Renault, Bruno Le Maire ne veut les conditionner qu’à un prétendu « plan de relance vert », en donnant « la priorité aux véhicules électriques » dans l’industrie automobile, ou la réduction des vols intérieurs pour le secteur des transports aérien.
Conforté par la promesse de ne pas augmenter les impôts sur les grandes fortunes, le ministre se donne ainsi un alibi écolo pour signifier en fond que le gouvernement refuse d’exiger des contreparties en matière de sauvegarde de l’emploi, de salaires et de conditions de travail. Ce qui ne revient à rien d’autre qu’à continuer à faire des cadeaux au grand patronat comme le démontre l’exemple de Renault, qui tout en bénéficiant d’aides publiques a dans le même temps annoncé supprimé 15.000 postes dans le monde dont 5.000 en France avec des fermetures d’usines en perspective, notamment à Choisy-le-Roi.

Face à la crise et au gouvernement, l’urgence d’un plan de bataille pour faire payer les capitalistes

Si le gouvernement tente de faire la synthèse entre les différentes ailes de sa majorité dans un plan de relance se situant ouvertement dans la continuité du projet néo-libéral porté par Emmanuel Macron, sa capacité à faire face à une crise historique de cette ampleur par des mesures de relance reste difficile à réaliser. En témoigne le rétropédalage de Bercy, quelques heures après l’intervention de Bruno Le Maire sur CNEWS ce vendredi. En effet, après les déclarations en grande pompe du ministre selon lequel « nous ne sommes pas impuissant et nous pouvons améliorer les choses » qui a annoncé « la mise en place d’un « nouveau prêt garanti par l’État qui pourra représenter jusqu’à 80% du chiffre d’affaire (au lieu de 25%) avec un taux à 0,25% » pour le secteur du tourisme et de l’hôtellerie-restauration, Bercy s’est fendu d’un communiqué pour préciser que le plafond de ce prêt garanti atteindra 80% du chiffre d’affaire seulement pour les entreprises saisonnières dont 80 % du chiffre d’affaires annuel est réalisé en seulement trois mois.

Seulement dans cette épreuve le gouvernement Macron-Castex s’appuie sur un « changement de méthode » qui acte le retour à plus de dialogue social, à l’image du retour des concertations sur la réforme des retraites, ou encore la signature d’un accord entre les directions syndicales (FO, CFDT et CFE-CGC en tête) et le patronat de la métallurgie (UIMM) pour instaurer le chômage partiel de longue durée. Cette mesure qui prévoit des pertes de salaires nettes pour les travailleurs et des indemnités pour sauvegarder les profits du patronat va renforcer le chantage à l’emploi dans les entreprises, puisqu’elle pourra désormais être mise en place même « en l’absence d’accord d’établissement, d’entreprise, ou de groupe ».

A rebours du dialogue social sur lequel s’appuie le gouvernement pour mener son offensive anti-sociale, il s’agit de s’appuyer sur la colère et la détermination exprimée par les soignants mobilisés contre l’imposture du Ségur de la Santé aux côtés des Gilets Jaunes, ou des réactions exemplaires des salariés qui, de TUI France à Nokia en passant par la MCA Maubeuge se sont mobilisés et ont agrégé autour d’eux de nombreux soutiens, pour construire un véritable plan de bataille à même de faire converger les colères contre le gouvernement. Il n’y a que de cette manière qu’il sera possible de s’opposer aux plans du gouvernement et du patronat, en revendiquant l’interdiction des licenciements et l’indexation des salaires sur l’inflation, parce que ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise.

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024