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Plan Vigipirate renforcé, déploiement policier : après l’attaque de Nice, l’état d’exception en marche

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Après la guerre contre l’épidémie, le gouvernement déclare la guerre à « l’idéologie islamiste ». Il complète l’État d’urgence sanitaire par le renforcement du plan Vigipirate et le déploiement de 7.000 policiers et 4.000 soldats. Une dispositif qui s’attaque toujours plus aux droits démocratiques.
Plan Vigipirate renforcé, déploiement policier : après l’attaque de Nice, l’état d’exception en marche

Anna Ky
Crédit photo : AFP

Après l’attaque sanglante de Nice, le gouvernement a porté le plan Vigipirate au niveau attentat (le plus haut possible) et réuni un conseil de défense et de sécurité nationale ce vendredi matin. Ainsi le nombre de militaires patrouillant dans les rues dans le cadre de l’Opération Sentinelle en place depuis 2015 passera de 3.000 à 7.000. Puis, au sortir du conseil de défense, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a également annoncé la mise à disposition des préfets de 3.500 policiers et gendarmes mobiles, et de 3.500 gendarmes réservistes supplémentaires pour « la lutte anti-terroriste » à partir de lundi ; tandis que 120 policiers en plus seront affectés à la ville de Nice.

Après l’attaque de Nice, le gouvernement instrumentalise une nouvelle fois l’émoi populaire pour s’en prendre aux droits démocratiques

Le ministre a précisé sans entrer dans le détail, la mise en place d’un « renforcement fort » des effectifs policiers pour les fêtes religieuses de la Toussaint, une surveillance accrue des établissements scolaires, et « une évaluation de la menace provenant des groupes communautaires » en référence aux manifestations et affrontements entre nationalistes turcs et arméniens autour du conflit armé au Haut-Karabakh.

Tout comme l’instrumentalisation du meurtre de Samuel Paty, l’attaque de Nice devient le prétexte à un renforcement de tout l’arsenal répressif et sécuritaire du gouvernement, accompagné d’un discours islamophobe et d’appel à l’unité nationale contre une menace intérieure. « Nous devons dans ces moments nous unir et ne rien céder à l’esprit de division » décrétait Emmanuel Macron ce jeudi, qui a également affirmé : « si nous sommes attaqués, c’est pour les valeurs qui sont les nôtres, notre goût de la liberté ».

Un discours qui se télescope avec les nouvelles dispositions anti-démocratiques relatives à la crise sanitaire, que le gouvernement a décidé de gérer une nouvelle fois en optant pour un confinement autoritaire, qui fait passer les profits avant notre santé et nos vies sociales. De même qu’avec celles qui tiennent à l’offensive islamophobe matérialisée par la volonté de dissoudre des associations comme le CCIF ou BarakaCity et les discours anti-musulmans qui accusent la gauche et les musulmans ou présumés comme tels d’être responsables du terrorisme à travers l’expression « islamo-gauchiste ».

La droite et l’extrême-droite réclament une « législation de guerre »

En d’autres termes, ce nouveau drame a immédiatement agrandi la brèche pour le discours sécuritaire et la surenchère répressive du gouvernement, à qui l’extrême-droite a allègrement emboîté le pas. Marine Le Pen qui réclamait « une législation de guerre » après le drame de Conflans-Sainte-Honorine, a profité de l’attaque de Nice pour déclarer sur RMC et BFMTV « il ne faut pas avoir peur d’être islamophobe ».

La perspective de mettre en place un État d’exception raciste vis-à-vis de laquelle la droite et Les Républicains ne sont pas en reste. Le maire de Nice, Christian Estrosi, a ainsi appelé à « s’exonérer des lois de la paix » pour « anéantir définitivement l’islamo-fascisme de notre territoire » en « modifiant la constitution ». Tandis que le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a réclamé sur BFMTV un « changement du cadre juridique » pour « éradiquer les islamistes », estimant que « le cadre juridique dans lequel certains légitiment l’impuissance qui est la nôtre ne peut plus être adapté pour conduire cette guerre ».

Rien d’étonnant de la part de la droite française qui se revendique du gaullisme, quand on sait que c’est son mentor qui a rédigé la Constitution de la Ve République pour s’arroger des pouvoirs exceptionnels afin de réprimer brutalement le mouvement ouvrier et surtout les luttes anti-coloniales, en particulier le mouvement de libération nationale en Algérie. Un modèle en terme de mécanisme bonapartiste, qui permet à l’exécutif de passer au-dessus du parlement en gouvernant par décret et en s’arrogeant des « pouvoirs étendus » via l’article 16 de la Constitution.

Plan vigipirate renforcé, offensive islamophobe et État d’urgence sanitaire : l’État d’exception en marche

A ce sujet, tout en reprenant la rhétorique de la « guerre contre un ennemi intérieur et extérieur, […] contre l’idéologie islamiste » sur RTL jeudi, Gérald Darmanin a déclaré « Je ne réclame pas une loi anti-terroriste supplémentaire. Le combat qu’on doit mener est un combat culturel. [...] La grandeur d’une démocratie c’est de pouvoir dire aux français qu’avec un cadre qui respecte l’État de droit on peut battre les plus grandes barbaries », avant de conclure : « changer la constitution c’est donner raison aux terroristes »

De cette manière, la macronie semble s’opposer en parole à la mise en place d’un État d’exception... tout en le validant dans les faits. Elle joue un jeu d’équilibriste afin de ne pas se couper complètement de l’électorat de centre-gauche, choqué la semaine passée par les déclarations du ministre de l’intérieur sur « les rayons de supermarchés hallal » assimilés à du « communautarisme » et l’ampleur de l’offensive islamophobe, tout en donnant des gages aux classes dominantes qui exigent le maintien de l’ordre social existant inégalitaire et injuste, en pleine période de crise sanitaire et économique, et qui craignent de potentielles révoltes sur le terrain de la lutte des classes.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit en dernière instance. Le déploiement d’effectifs policiers et militaires supplémentaires, ainsi que l’offensive islamophobe, ne sont là que pour justifier la gestion sécuritaire et répressive de la crise. Ces mesures n’ont pas pour objectif de « lutter contre le terrorisme » ou contre « l’idéologie islamiste ». Pour se convaincre de la duplicité du gouvernement il n’y a qu’à voir les montants des contrats pour la vente de matériels militaires entre l’Etat français, les grandes entreprises françaises et les pétro-monarchies du Golfe qui financent les groupuscules salafistes, telles que l’Arabie Saoudite ou les Emirats-Arabes-Unis.

En réalité, cette surenchère sécuritaire a comme principale conséquence de créer un climat de guerre et de peur au sein d’une société victime d’une crise économique sans précédent et d’attaques anti-sociales qui se multiplient (plans de licenciements, baisses de salaires, aggravation des conditions de travail, hausse de la précarité et de la pauvreté...). Elle sert à stigmatiser les personnes musulmanes ou assimilées comme telles, pour diviser notre camp social et militariser les quartiers populaires ainsi qu’à cibler la gauche syndicale et politique, les organisations militantes dans les quartiers populaires, et en dernière instance à imposer par la force un confinement autoritaire et les attaques incessantes qui sont faites à nos conditions de travail et de vie. C’est pour cette raison que les organisations syndicales, la gauche et l’extrême-gauche doivent dénoncer ces nouvelles attaques contre les droits démocratiques et proposer un plan de bataille à la hauteur contre l’offensive sécuritaire et islamophobe du gouvernement.

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Mis à jour le samedi 13 avril 2024