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DES VIOLENCES INADMISSIBLES CONTRE LES RÉFUGIÉS ET DEMANDEURS D’ASILE

Macédoine : le sort incertain des réfugiés

Des murs de barbelés, des coups de matraque, des agents antiémeutes : voilà l’accueil que la Macédoine réserve aux réfugiés. Trois jours plus tard, les personnes ont pu franchir la frontière. Mais leur sort, comme celui des personnes à venir, reste incertain.

DES VIOLENCES INADMISSIBLES CONTRE LES RÉFUGIÉS ET DEMANDEURS D’ASILE

Des milliers de personnes, principalement des réfugiés et des demandeurs d’asile syriens, afghans et irakiens, ont été prises au piège et risquaient d’être brutalisées après la fermeture de la frontière greco-macédonienne le 20 août. Pendant les deux jours précédents, des soldats macédoniens ont empêché au moins 1.000 personnes y compris des familles et de nombreux jeunes enfants qui étaient présentes dans la zone d’Eidomeni, du côté grec de la frontière, de franchir la frontière.

Selon plusieurs témoignages sur place qui ont parlé avec les chercheurs d’Amnesty International, les membres d’une unité de police antiterroriste déployée à la frontière ont procédé à des passages à tabac, utilisé des agents antiémeutes et même tiré en l’air afin d’empêcher des personnes de franchir la frontière macédonienne. Des clôtures de barbelés ont par ailleurs été érigées le long de la frontière. Une organisation non gouvernementale (ONG) locale a confirmé le recours à des balles en caoutchouc. Des groupes d’une dizaine de soldats macédoniens en uniforme étaient postés à peu près tous les 50 mètres le long de la frontière.

Certains médias ont diffusé des compte-rendus et des vidéos indiquant que des policiers macédoniens ont utilisé des agents antiémeute et des matraques contre des personnes qui ne semblaient représenter aucune menace. Le ministère de l’Intérieur a émis une déclaration précisant que des grenades neutralisantes avaient été employées.

Sur le même sujet : la Hongrie ferme (illégalement) la porte aux réfugiés

Chaque pays est habilité à patrouiller le long de ses propres frontières, mais ce type de réponse constitue une forme de refoulement inacceptable et contraire au droit international. Tout pays a le devoir de protéger ceux qui fuient le conflit et la persécution, et la Macédoine ne fait pas exception à la règle. Quand le système ne peut faire face, on l’améliore, on n’empêche pas les gens d’entrer.

UN CALME PRÉCAIRE

Pour l’heure, presque toutes les personnes bloquées à la frontière grecque pendant les trois jours ont pu se rendre en toute sécurité en Macédoine, ce qui a temporairement apaisé la situation tendue de ces derniers jours.

Selon certaines informations, les réfugiés et demandeurs d’asile ont peu à peu été autorisés à monter à bord de trains en direction de la frontière avec la Serbie, dans le nord du pays. Certains ont pris le car, à leurs frais. Des policiers sont présents dans la zone mais la situation est calme.

« S’il semble que la dernière crise en date a été évitée, puisque la situation à la frontière est apparemment revenue à la normale, des centaines de personnes qui ont finalement pu se rendre en Macédoine - parmi lesquelles de nombreuses familles, des femmes enceintes et de jeunes enfants - ne savent pas de quoi demain sera fait. Certaines sont malades et ont désespérément besoin d’une assistance humanitaire, et on ignore si elles obtiendront toutes l’aide et l’attention dont elles ont besoin », a déclaré Giorgos Kosmopoulous, directeur d’Amnesty International Grèce, qui se trouve actuellement à la frontière entre la Macédoine et la Grèce.

Pour de nombreuses personnes, avoir franchi cette frontière n’est qu’une étape d’un très long et difficile trajet en Europe - il est possible que la crise soit passée mais ce n’est pas fini. Plusieurs autres bateaux transportant des réfugiés et des demandeurs d’asile ont fait savoir qu’ils étaient arrivés dans les îles grecques. La grande question désormais est la suivante : comment les autorités macédoniennes vont-elles réagir face aux nouvelles arrivées de réfugiés et de demandeurs d’asile qui tenteront eux aussi de franchir cette même frontière dans les jours à venir ?

Au lieu de fermer la frontière, les autorités macédoniennes et grecques doivent s’efforcer de fournir des lieux d’accueil, de la nourriture, des vêtements et des soins médicaux, avec l’aide de la communauté internationale s’il le faut.

Nous exhortons les autorités macédoniennes à honorer leurs obligations internationales à l’égard des réfugiés et demandeurs d’asile, notamment en :

  • permettant à ceux qui souhaitent déposer une demande d’asile dans le pays de le faire, et de leur donner accès à un processus digne de ce nom qui déterminera leur statut de réfugié dans les meilleurs délais ;
  • s’abstenant de recourir à une force excessive contre les réfugiés et les demandeurs d’asile ;
  • fournissant abris, nourriture, vêtements et soins médicaux ; et en
  • garantissant de véritables conditions d’accueil qui permettent d’identifier et d’aider les mineurs non accompagnés et les autres personnes vulnérables.

LA MACÉDOINE : UN PAYS DE PASSAGE POUR LES RÉFUGIÉS QUI CHERCHENT LA SÉCURITÉ

Le 19 juin dernier, la loi macédonienne sur le droit d’asile a été modifiée, le but étant de favoriser l’accès à l’asile. Ces modifications ont permis aux demandeurs d’asile de se faire enregistrer à la frontière, puis d’obtenir un laissez-passer valable pour 72 heures afin de pouvoir rester dans le pays légalement le temps de déposer une demande d’asile, avec le droit de bénéficier des services de santé et des transports publics.

La plupart des demandeurs d’asile ont cependant utilisé ce laissez-passer pour traverser la Macédoine, puis la Serbie, avant de se rendre en Hongrie. Les autorités ont aidé leur traversée du pays, en finançant leur transport à bord de trains en partance de Gevgelija, à la frontière avec la Grèce, et à destination de Tabanovce, à la frontière avec la Serbie.

Ces mesures, selon le gouvernement, avaient pour but de protéger les demandeurs d’asile en Macédoine des attaques menées par des bandes armées, de l’exploitation aux mains des passeurs - qui commettaient notamment des enlèvements contre rançon -, et des risques encourus en marchant le long des lignes de chemins de fer pour traverser la Macédoine, où 29 personnes ont été tuées par des trains jusqu’à présent.

Tout cela a contribué à fournir aux demandeurs d’asile un itinéraire sûr et légal à travers la Macédoine : seules 47 personnes, parmi lesquelles 37 ressortissants syriens, ont demandé l’asile entre le 20 juin et le 17 août, bien que des milliers soient passées par ce pays durant cette période.

Nous avons pu constater par le passé les insuffisances du système d’asile en Macédoine. À peine 10 personnes y ont reçu l’asile en 2014, et pas une seule au cours des années précédentes depuis 2009.

Ce mois-ci, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a déclaré que les demandeurs d’asile ne devraient pas être renvoyés en Macédoine, car le système n’était toujours pas en mesure de leur fournir une protection internationale.

Voir en ligne : http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes...

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024