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A Roybon, une marche aux flambeaux « pour que la nature reprenne ses droits »

Le Monde.fr | 07.12.2014 à 03h00 • (Envoyée spéciale à Roybon (Isère))
Après vin chaud, soupe et fanfare pour réchauffer les cœurs, le cortège de manifestants opposés au projet de Center Parcs à Roybon (Isère) s’élance sur la petite route qui monte jusqu’au chantier du groupe Pierre et Vacances, son point d’arrivée. Ce samedi 6 décembre, massés derrière la banderole « Où la Zad - zone à défendre - passe, les chantiers trépassent », les quelque 500 manifestants - 400 selon les estimations de la gendarmerie -, étudiants, familles, jeunes couples, retraités, membres d’association de défense de l’environnement et « zadistes », font corps dans la nuit glacée.

Les horizons et les motivations sont multiples, mais la colère est partagée : il faut empêcher « aberration environnementale » et « gabegie d’argent public » de se réaliser. Certains en sont à leur troisième manifestation, d’autres arrivent pour la première fois. Qu’importe. On avance, comme un seul homme, sur la piste ravinée par la boue, à la lueur des flambeaux, dressés haut et fort comme on lèverait le poing. Un ruban de lumière surplombe bientôt les hauteurs de la commune.

Les zadistes remerciés

« Il était un petit zadiste, qui n’avait jamais rien lâché », entonnent des jeunes manifestants, au rythme d’une batucada. Les plus anciens sourient, complices. Car tous, ici, saluent le « courage » et l’« efficacité » des « zadistes », qui n’ont « rien lâché », depuis fin octobre, pour empêcher la poursuite des travaux de déboisement.

Pour Michèle Rivasi, eurodéputée (EELV) drômoise venue soutenir le rassemblement, « la lutte des zadistes sur le terrain est complémentaire à celle menée juridiquement par les associations et les élus opposés au projet ». Même son de cloche pour Michèle Bonneton, députée de la 9e circonscription de l’Isère - qui avait interpellé la ministre de l’écologie sur le projet de Center Parcs - qui « salue le courage et la détermination de ces jeunes, alors que leurs conditions de vie sont difficiles et qu’ils ont fait l’objet d’agressions ».
« Parquer les gens dans un camp dont ils ne sortiront pas »

Le silence se fait à mesure que l’on approche du chantier honni. Un vent bruineux s’engouffre dans la plaine. Les visages s’enfoncent sous leurs épaisseurs. L’heure est venue de faire corps avec le bois. Leur bois. Ce massif forestier séculaire qu’Yvette Devilla, 53 ans, a toujours connu libre d’accès, à pied, à vélo ou à cheval, avec ces étangs bordés de châtaigniers et ces cueillettes de champignons qui attirent les gens du coin. Ce bois sous lequel reposent des eaux précieuses.

« C’est plus qu’un lien affectif, c’est un lien vital », assure la manifestante, visage grave. « Si on veut vraiment faire du tourisme, il faut l’adapter à la vie locale, pas parquer des gens dans un camp dont ils ne sortiront pas et n’auront aucune interaction avec la commune. »
« On déménage Pierre et Vacances »

Leur bois. Pas celui de Pierre et Vacances. « Pas de chantiers dans la forêt, la forêt dans le chantier ! », hurle un opposant tandis que le cortège pénètre le chantier privé. Cinq vigiles apparaissent, mais repartent rapidement, sans heurt. Une poignée d’opposants échauffés taguent les voitures des agents de sécurité et les préfabriqués, tandis que d’autres débarrassent le mobilier qu’ils trouvent à l’intérieur en criant : « On déménage Pierre et Vacances. »

A la place, ils tentent d’y faire entrer des branches et des arbres, « pour que la nature reprenne ses droits ». Un jeune homme demande bientôt le calme : « Y’a plein de gens ici qui ne sont pas d’accord avec ce qu’on fait, il faut aussi les écouter. » La tension retombe, soulageant ceux qui craignaient les débordements, à l’heure où le drame de Sivens est encore vif dans les esprits. « Ça aurait eu pour seul effet de dénaturer notre message », estime Thomas, 54 ans, même s’il comprend que la colère ait besoin de s’exprimer.

Les « zadistes » s’en vont retrouver la maison forestière qu’ils occupent depuis le 30 novembre, tandis que le reste du cortège redescend vers Roybon, dans un silence solennel. Les minces faisceaux des lampes frontales dardent l’obscurité. Certains trouvent encore l’entrain de chanter Ferré, d’autres de citer Brecht : « Ceux qui luttent peuvent perdre, mais ceux qui ne luttent pas ont déjà perdu. »

Demain matin, ce sera au tour des « pros Center Parcs » de défiler. Quant à la semaine qui vient, elle sera encore longue, dans l’attente du jugement du tribunal administratif de Grenoble, qui se prononcera, à partir du 12 décembre, sur la suspension ou la poursuite des travaux de défrichement.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/12/07/a-roybon-une-marche-aux-flambeaux-pour-que-la-nature-reprenne-ses-droits_4536068_3224.html#kER4t0yAMpSk16qL.99

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