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Résolution politique du Conseil Politique National du NPA du 21 et 22 novembre

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NPA

1 : Contre Daesh et sa vague d’attentats odieux, solidarité avec les victimes

1- A : Les attentats du 13 novembre à Paris et Saint Denis, précédés par ceux de Bagdad, Ankara, Beyrouth et Sharm el Sheik et prolongés par la prise d’otages au Mali et avec la situation en Belgique, modifient substantiellement la situation nationale. Sans aucun doute, ils ouvrent une nouvelle séquence avec la combinaison d’opérations terroristes de masse par Daesh contre les populations, d’une politique extérieure gouvernementale de va-t’en guerre dans le sens de celle menée par George Bush après les attentats du 11 septembre 2001 et de la mise en place, sur le plan intérieur, d’un État d’exception, du tout-sécuritaire. Nous devons prendre la mesure de cette nouvelle situation, de l’émotion suscitée à juste titre, et faire de la politique sans raccourcis, mais sans fatalisme non plus.

1-B : Les attentats du 13 novembre ont été commandités par Daesh. Cette organisation tout comme Al Al-Qaïda ne vient pas de nulle part.

Les États-Unis, avec le royaume saoudien, ont favorisé depuis des décennies les courants intégristes islamiques radicaux dans la lutte contre la gauche dans les pays à majorité musulmane. Ces courants ont longtemps été associés aux États-Unis – une collaboration historique qui a culminé avec la guerre d’Afghanistan dans les années 1980, lorsqu’ils furent soutenus contre l’occupation soviétique par Washington, les Saoudiens et la dictature pakistanaise. Certaines composantes de ces forces se sont retournées contre la monarchie saoudienne et contre les États-Unis. C’est l’histoire d’Al-Qaïda : ses fondateurs étaient alliés aux États-Unis et au royaume saoudien dans la lutte contre l’occupation soviétique en Afghanistan, mais ils se sont retournés. C’est, l’administration de Bush père qui a provoqué la volte-face d’Al-Qaïda contre les États-Unis par la première guerre contre l’Irak, et Bush fils a poursuivi la tâche avec l’invasion de l’Irak. Le résultat de l’occupation états-unienne de ce pays a donné une énorme impulsion à Al-Qaïda, lui permettant d’acquérir une base territoriale cruciale au Moyen-Orient, après avoir été restreinte auparavant à l’Afghanistan. Aujourd’hui encore, l’Arabie Saoudite soutient des organisations affiliées à Al-Qaïda, en Syrie (Al Nosra) ou au Yemen.

Ce qui aujourd’hui s’appelle « État islamique » en Irak et en Syrie, né de la branche d’Al-Qaïda en Irak, est une organisation qui n’existait pas avant l’invasion de 2003. Elle est à la fois le résultat direct de l’occupation américaine en Irak et du chaos régional croissant Elle s’est nourrie notamment de secteurs sunnites évincés de toutes les sphères du pouvoir et d’anciens membres de l’armée et des services de sécurité de Saddam Hussein. Elle avait été défaite et marginalisée à partir de 2007, mais elle est parvenue à se reconstituer en Syrie, tirant avantage des conditions créées par la guerre civile dans ce pays et de la brutalité extrême du régime syrien.

1- C : Daesh doit être dénoncé en tant que tel pour ce qu’il est, une organisation militaire, intégriste religieuse, basée sur la terreur, ennemie du mouvement ouvrier, des femmes et de tous droits démocratiques qui s’étend sur un territoire où il prend de plus en plus les contours d’un État, et depuis lequel il développe un projet expansionniste. Cette organisation s’est appuyée sur les crimes des régimes de Saddam Hussein et Bachar el Assad, sur les soutiens financiers des émirs ultra réactionnaires du Golfe persique et sur la complicité du gouvernement turc d’Erdogan, dans leur logique d’écrasement de tout mouvement de masse progressiste.

2 : Non à l’État d’urgence et au racisme !Non à l’Union sacrée avec le gouvernement ! Défendons nos libertés démocratiques !

2- A : Face à la prorogation de trois mois de l’état d’urgence et l’annonce de modifications constitutionnelles, la défense des droits et des libertés démocratiques doit devenir un de nos axes principaux d’intervention. Sous prétexte de dépoussiérer un dispositif législatif datant de la Guerre d’Algérie et de pouvoir maintenir un État de droit dans un contexte de guerre, Hollande souhaite pérenniser l’état d’urgence afin de pouvoir rendre permanent un état d’exception. Hollande a considérablement déplacé le curseur politique vers la droite et l’extrême-droite en reprenant à son compte des propositions du FN et de LR : la déchéance de nationalité pour les binationaux accusés de terrorisme, la dissolution de groupes et associations portant « atteinte contre l’ordre public » (sans préciser de critères plus précis), le blocage de sites Internet et l’assignation à résidence pour toute personne soupçonnée de visées terroristes donc sans avoir été condamnée pour des faits commis.

Après les lois sécuritaires, votées suite aux attaques du 9 janvier, Hollande s’apprête à franchir un cap de plus en matière de mesures liberticides. Les manifestations dans la capitale qui étaient interdites jusqu’à jeudi le sont d’ores et déjà jusqu’à dimanche 22 ainsi que les manifestations militantEs pendant la COP 21. L’état d’urgence a été prolongé pour 3 mois à l’assemblée nationale, avec le soutien de l’ensemble du groupe Front de Gauche. De nouveaux projets législatifs sont à l’œuvre, à commencer par la constitutionnalisation de l’état d’urgence, dressant ainsi les contours d’un véritable patriot act à la Française.

Le vote à l’assemblée nationale a donné une quasi-unanimité à la prolongation de l’état d’urgence. Aucun des dix députés du Front de gauche (du PC et affiliés à Ensemble) ont voté contre. Le PG s’est prononcé contre la prolongation en argumentant sur le fait que la République n’en aurait pas besoin pour se défendre, tandis que les députés du PS et d’EELV ont des explications très alambiquées. Ceux-ci sont apparus comme donnant une voix dissonante, ils ont même soutenu la manifestation du 22 novembre. Par la suite, une bonne partie des militants du Front de gauche ont été choqués par le vote de leurs députés. Pierre Laurent et les sénateurs ont donc exprimé une position différente vis-à-vis de l’état d’urgence. En outre, la CGT, poussée par sa base, en particulier parisienne, et l’Unef se sont prononcées contre l’état d’urgence. Ce sont des points d’appui importants pour s’opposer à l’état d’urgence.

Tout cela montre à la fois l’ampleur de l’union nationale, qui s’étend jusqu’à la plus grande partie du Front de gauche, la difficulté que nous aurons à construire des cadres unitaires dans la prochaine période, et en même temps le fait qu’une partie importante de la base des organisations à la gauche du PS n’accepte pas cette politique. Ensemble s’est d’ailleurs prononcé contre l’état d’urgence, malgré le vote de ses députés. Il est important de nous adresser à ces courants, de peser sur les contradictions et d’influencer les éventuelles décantations.

Dans ce contexte, nous devons donc affirmer que le pouvoir ne doit pas utiliser le prétexte de la sécurité pour museler l’opposition des associations, des syndicats et des politiques par rapports aux questions sociales, politiques et écologiques. Nous devrons imposer le droit de manifester et dénoncer concrètement la réalité de l’état d’urgence, à commencer par la multiplication des perquisitions sans aucun contrôle judiciaire.

Alors que l’état d’urgence est prolongé de trois mois et que l’interdiction de manifester court désormais jusqu’au 30 novembre en Ile-de-France, une tâche fondamentale est d’essayer de mobiliser notre classe. Derrière l’émotion et le prétexte de la protection de la population, le gouvernement Valls-Hollande s’attaque directement aux moyens de résistance des salariés au moment où la chemise déchirée des DRH d’Air France avait montré par le nombre de témoignages de solidarité, d’une colère certaine de la classe ouvrière qui redonnait un peu de souffle aux perspectives d’affrontement avec le patronat et le gouvernement. De là, la lutte contre l’état d’urgence ne peut pas être un simple positionnement idéologique. S’opposer à l’état d’urgence c’est s’opposer à ses conséquences, en particulier aux pressions du pouvoir dans le sens d’une interdiction des manifestations.

2-B : Dans ce contexte, la lutte des classes doit également reprendre le devant de la scène, car le gouvernement et le patronat continuent leur politique de destruction sociale. Ceux qui nous imposent ou applaudissent la mise en place de l’état d’urgence sont les mêmes qui s’acharnent contre le code du travail, les syndicalistes, le mouvement social dans son ensemble. Aucune des mesures liberticides et sécuritaires ne sera efficace pour lutter contre l’embrigadement de jeunes par Daesh, car elles tournent le dos à toute politique sociale. Dans ce contexte, le NPA et l’ensemble du mouvement ouvrier doivent défendre les revendications sociales, démocratiques et écologiques. Pas question de laisser rogner notre droit à lutter contre la violence patronale, les suppressions d’emplois, les licenciements, la destruction du code du travail, l’austérité.

Dans un premier temps, les mobilisations et journées de grèves ont été reportées. Mais on le voit, les grèves dans différents secteurs continuent comme celle à Air France où, malgré l’annulation de la journée du 19 novembre, les mobilisations continuent. Tout comme est d’ores et déjà annoncée une journée nationale le 02 décembre prochain. Les prises de position de plusieurs syndicats, puis celle de la Confédération CGT contre la trêve sociale et la guerre, doivent être un point d’appui, doivent être un point d’appui et cette journée pourrait devenirune première échéance pour faire en sorte que les revendications de l’ensemble du mouvement ouvrier se fassent entendre, tout en s’opposant au tournant guerrier et sécuritaire du gouvernement.

2 : C Les jours qui ont suivi les attaques terroristes de Paris ont été marqué se sont par des dégradations de lieux de culte musulmans et d’agressions islamophobes ainsi que des agressionsantisémites. Dans plusieurs villes de France, des groupes d’extrême–droite se sont invités dans les rassemblements. Qu’un terroriste, dont nous ignorons l’identité et la nationalité, soit arrivé en France depuis la Syrie en se faisant enregistrer en Grèce comme un migrant réclamant le droit d’asile a donné lieu à un déchaînement contre l’accueil des migrants en France et en Europe. Au pire, les dirigeants français et européens ont assimilé les migrants aux terroristes et réclamé la fermeture des frontières intérieures ; au mieux, ils ont insisté, Hollande en tête, sur la nécessité de renforcer les contrôles et les « centre de tri » (Hot spot). Une campagne offensive unitaire contre le racisme et pour la solidarité avec les migrants s’impose.

Une des conséquences des attentats est donc une montée du racisme et ce à quelques semaines des élections régionales où Marine Le Pen était déjà annoncée comme la grande gagnante de cette séquence électorale, qui s’annonce particulièrement nauséabonde.

Il faut rappeler que la majorité des kamikazes des attentats du 13 novembre étaient Français ou Belges et non Syriens ou Irakiens. En ce sens, les attentats ne relèvent pas d’une simple exportation de combattants de Daesh (même si certains ont fait des A/R avec la Syrie), mais s’inscrivent largement dans les dérives djihadistes parmi des groupes très marginaux de jeunes pour lesquels le djihadisme n’est qu’un vecteur. Leur dérive criminelle et suicidaire prend ses racines sur un terreau fertile, provoqué par l’accumulation des politiques d’injustice sociale, d’exclusion, de racisme, de discriminations et d’islamophobie. Ce ne sont pas les bombardements des zones de Daesh qui régleront ce problème.

3 : Contre la guerre impérialiste, retrait des troupes françaises d’Afrique et du Moyen Orient

3 –A : Depuis le début des années 2000, l’Etat français a démultiplié sa participation à des interventions impérialistes au Moyen Orient et en Afrique, et cela n’a fait que s’aggraver depuis l’arrivée d’Hollande au gouvernement.

Dans l’ensemble du Proche Orient, la crise multiforme du capitalisme mondial, celle des régimes en place et l’échec des interventions impérialistes sont ainsi à l’origine du chaos actuel. De façon directe ou indirecte, les puissances impérialistes et leurs alliés régionaux ont armé et entraîné chacun des groupes terroristes à un moment donné pour les dresser au service de leurs propres intérêts.

A ce tableau s’ajoute le soutien sans aucune retenue de la France à la politique de l’ultra-droite israélienne lors de la guerre de Gaza en 2014 ou encore le fait que Paris vende des armes de guerre et ouvre grands les bras aux investisseurs des pétromonarchies du Golfe, Arabie Saoudite en tête, alors même que le régime saoudien et le Qatar ont été les financiers de Daesh pour déstabiliser l’alliance Irak-Iran. On peut penser également au régime d’Erdogan en Turquie, qui finance Daesh à travers les achats de pétrole et n’hésite pas à bombarder, en totale impunité, les Kurdes qui en Syrie combattent Daesh les armes à la main. On pense enfin à la politique russe de soutien sans faille au régime de Bachar al Assad (associé au régime iranien) et l’expertise poutinienne de l’écrasement des populations testée en Tchétchénie. Le but étant, pour les impérialistes, d’obtenir un nouvel équilibre réactionnaire après la déstabilisation des régimes provoquée par les révolutions arabes.

3 – B : Ne nous trompons pas de combat. Il n’y a pas de « choc des civilisations », mais des attentats monstrueux face à des interventions militaires tout aussi monstrueuses.La seule réponse qui puisse être la nôtre est celle de l’unité des oppriméEs et des exploitéEs par-delà les origines et confessions, contre ceux qui mènent contre nous une véritable guerre sociale et nous parlent maintenant « d’intérêts communs ».

La riposte guerrière et impérialiste ne fait qu’aggraver les choses, comme le démontrent tragiquement les événements de ce 13 novembre. Il n’y aura pas d’issue à la crise que traverse le Proche Orient sans le retrait des troupes impérialistes, la fin de régimes réactionnaires « amis » de l’Occident comme la monarchie saoudienne ou la dictature égyptienne et sans reconnaître les droits des palestiniens par la fin de l’occupation par l’Etat sioniste de la Cisjordanie et de Gaza.

Mais l’Etat Islamique/Daesh est fondamentalement un instrument d’écrasement des aspirations des peuples qui ont provoqué les soulèvements de la région arabe. C’est pourquoi, à la logique de guerre impérialiste nous opposons la nécessité de la solidarité internationale concrète avec les peuples de la région qui luttent en pratique contre Daesh comme contre Assad, en donnant les moyens y compris militaires de la lutte de leurs organisations démocratiques et non confessionnelles, au lieu de se substituer à eux avec tous les effets délétères de cette substitution. Nous demandons le retrait du PKK de la liste des organisations terroristes et l’arrêt de la répression des organisations Kurdes par l’Etat Turc, allié de la France. Et nous défendons la nécessité élémentaire de protéger les populations pourchassées de Syrie et d’Irak en leur accordant le droit d’asile en Europe.

3 – C :

A différence de janvier, le tournant actuel du gouvernement ne cherche pas à s’appuyer sur des sentiments humanistes comme il avait fait au travers « Je suis Charlie », mais sur la peur. Face à cela il n’a à proposer que la guerre et le tout-sécuritaire dans une sorte de tournant « bushiste ». Hollande affirme que « nous sommes en guerre », mais la France n’a pas les mêmes moyens que les Etats-Unis et il est incapable de fixer les objectifs et une feuille de route pour cette même guerre. C’est en ce sens que « l’union nationale » est plus fragile qu’en janvier. Dans ce contexte et après la prise d’otage à Bamako, un saut dans l’interventionnisme militaire de la France est devant nous, ce il n’est pas exclu qu’une opposition croissante à la guerre puisse émerger. Il est clair néanmoins que tout mouvement anti-guerre serait radicalement différent de ceux qu’on a connus dans les années 2000, car il aurait lieu dans un contexte combinant crise économique, offensive sécuritaire et montée de l’extrême droite, et donc forcément plus de polarisation. C’est pourquoi nous, les anticapitalistes et les révolutionnaires avons un rôle majeur à y jouer. À mesure qu’augmentent les coûts et les conséquences collatérales de la politique proposée par Hollande, nos idées peuvent trouver un nouvel écho auprès d’une population qui craint pour sa propre survie ou celle de ses proches et qui peut peu à peu comprendre que la seule façon « réaliste » de stopper la spirale de violences est de mettre un terme aux interventions impérialistes, en particulier au sein de la jeunesse

4 : Conclusion

Il y a urgence de mettre en place un front de toutes celles et ceux, des organisations politiques et sociales qui refusent l’union sacrée, l’état d’urgence, la guerre et le racisme. Nous devons, face à l’Etat d’urgence concentrer nos forces pour la défense des droits démocratiques, le maintien et la construction des mobilisations sociales que nous ne laisserons pas être bâillonnées et étouffées par le climat de peur et de guerre. La réponse au terrorisme de Daesh ne peut venir que des solidarités et des luttes des classes exploitées pour défendre leurs droits sociaux et démocratiques, de la solidarité internationale avec les peuples du Moyen-Orient ou d’Afrique. L’heure est au rassemblement de toutes celles et tous ceux qui refusent la fuite en avant militariste, la guerre, les interventions impérialistes comme la fuite en avant sécuritaire pour combattre la barbarie capitaliste qui engendre la barbarie du terrorisme et des intégrismes religieux.

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024