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L’extrême droite propre sur elle... mais toujours dangereuse ! DR
Dieu n’aura finalement pas été d’une grande aide au parti d’extrême droite autrichien. Alors que dans la dernière étape de la longue campagne électorale, le FPÖ avait adopté le slogan « Avec l’aide de Dieu », et avait aussi conjuré le spectre d’une « guerre civile », son candidat Norbert Hofer a finalement été battu. Ceci contre toute attente.
Après le décompte des nombreux votes exprimés par correspondance (une des particularités du système autrichien), le candidat indépendant Alexander Van der Bellen, issu des écologistes mais de profil plutôt centriste, bat le candidat d’extrême droite avec presque 54 % des voix contre 46 %.
Fondé en 1956, les origines du FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs, le bien mal nommé Parti autrichien de la liberté...) ont été pendant longtemps insuffisamment rappelées. S’il a été officiellement créé dans l’année qui a suivi le Traité de neutralité de l’Autriche (1955), c’est que les puissances alliées de la Seconde Guerre mondiale – celle de la Coalition anti-hitlérienne – exerçaient un contrôle sur la politique intérieure de l’Autriche jusqu’en 1955, contrôle qui visait surtout à empêcher que le mouvement nazi puisse renaître de ses cendres. Ainsi, de nombreux anciens militants et cadres nazis s’étaient retrouvés, à partir de 1949, dans ce qui n’était pas encore un parti politique, la Ligue des indépendants (VdU), une association prétendument apolitique. En 1956, cette Ligue des indépendants fut transformée en FPÖ.
Si ce dernier parti a longtemps possédé une aile libérale, celle-ci a été perdue sous la présidence de Jörg Haider, qui a pris le contrôle du parti en 1986. Sous l’inspiration de ce dernier, les membres et anciens membres de corporations étudiantes se battant à l’épée, souvent de tradition pangermaniste voire nazie, ont (re)constitué l’ossature du parti. Le candidat battu Hofer, qui est l’un des idéologues du FPÖ, appartient d’ailleurs à l’une des corporations nommée « Marko Germania Pinkafeld »...
Le sursaut
Ce n’est qu’au cours de la dernière partie de la campagne électorale que les origines de ce parti ont été rappelés, avec l’apparition de la vidéo d’une femme âgée de 89 ans, « Gertrude », survivante du camp d’Auschwitz et rescapée de la Shoah. Avec des mots simples, celle-ci a appelé la population et surtout les jeunes à voter, et à barrer la route à un parti « de la haine ». En peu de temps, sa vidéo avait été vue presque trois millions de fois sur Internet.
Cela a contribué à un certain « sursaut des consciences », notamment dans les milieux ayant une certaine formation scolaire ou universitaire. Par ailleurs, la crainte de nombreux et nombreuses AutrichienEs de voir leur pays tourner le dos à l’Union européenne a aussi joué contre le candidat du FPÖ. Et l’élection de Donald Trump aux USA a contribué à mobiliser les personnes qui ne se reconnaissaient pas dans le projet de la droite extrême et/ou de l’extrême droite, et pour qui la possibilité réelle d’une victoire de ces forces devenait réelle avec le résultat du vote étatsunien.
Et surtout les jeunes générations ont contribué à barrer la route au candidat de l’extrême droite autrichienne. 58 % des jeunes de moins de 29 ans, mais surtout 69 % des femmes de cet âge ont voté contre le candidat d’extrême droite, dont l’électorat est par ailleurs beaucoup plus masculin que féminin. Ainsi 56 % des hommes, et seulement 38 % des femmes ont voté pour le candidat xénophobe.
Ce dimanche soir, la fête a été gâchée pour Norbert Hofer et son chef de parti, Heinz-Christian Strache. Cela ne doit pas masquer la persistance de dangers à plus long terme. Rappelons que le FPÖ participe déjà depuis 2015 au gouvernement de deux régions : la Haute-Autriche (avec la droite), mais aussi le Bourgenland (avec la social-démocratie...). La lutte contre ces forces n’est par finie, elle ne fait que commencer, en Autriche et ailleurs en Europe...
Bertold du Ryon