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Mobilisations sociales : à la recherche d’un mouvement d’ensemble

Crédit Photo : Photothèque Rouge/JMB

Retour sur l’année 2017. L’année sociale 2017 a commencé plombée par l’échec de la mobilisation de 2016 contre la loi travail version El Khomri. Avec, en perspective, une élection présidentielle dont les préliminaires sous forme de primaires ont été le théâtre d’une surenchère en matière de régression sociale.

Le début de l’année a éfé marqué par les condamnations de sept ex-salariés de Goodyear à des peines de 2 à 12 mois de prison avec sursis. Avec la multiplication des plans sociaux, suppressions de postes et fermetures de sites, Whirlpool, Vivarte, EDF, les hôpitaux, La Poste, l’automobile, SFR, Tati, General Electric… ont fait tour à tour la « Une » des médias. Mais si des résistances se sont développées, c’est la sensation d’isolement qui a dominé, débouchant le plus souvent sur des échecs.

Malgré tout, le fond de l’air de la campagne présidentielle sera imprégné d’une ambiance de résistance, attesté par l’écho rencontré par les visites de Le Pen et Macron, entre les deux tours, aux salariéEs de Whirlpool, alors que l’annonce de fermeture du site d’Amiens venait d’être rendue publique.

L’élection de Macron, avec le bon score de Mélenchon et l’écho de la campagne Poutou, ne semble pas avoir affaibli les volontés de riposte, comme en a témoigné l’écho des initiatives, même minoritaires, du Front social. Mais, convaincu de sa légitimité, assise sur son score du second tour, Macron a mis immédiatement son gouvernement au service des riches, du patronat.

Massacre à la tronçonneuse

La première attaque a visé le code du travail, avec l’utilisation de la procédure des ordonnances. Un contenu inscrit dans la logique de la loi travail de Hollande, et une méthode digne du 49-3 de Valls. Au menu : la mise en place d’un barème a minima pour les indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif, la facilitation des procédures de licenciements prétendument économiques, la création du Comité social et économique en lieu et place de l’ensemble des institutions représentatives du personnel, en réduisant drastiquement les moyens avec une mise à l’écart des organisations syndicales, qui risquent d’être totalement contournées par la possibilité pour l’employeur de prendre l’initiative du référendum d’entreprise.

Les directions syndicales ont accepté une concertation accélérée, dont tout indiquait pourtant qu’elle n’était qu’une manœuvre pour réduire les mobilisations. Bien qu’embarquée volontaire dans la galère du dialogue social, la CGT, appuyée par Solidaires, a mis malgré tout en place un calendrier de journées d’action et de manifestations, aussi inefficace que celui de 2016. Et ce ne sont pas les tardives mais dispersées mobilisations organisées dans les secteurs des raffineries, des transports ou des ports et docks qui ont pu bloquer les principales contre-réformes. Tout au plus ont-elles montré qu’il était possible de se battre, de gagner au moins partiellement contre la mise en cause de la hiérarchie des normes, et pour le maintien de certains acquis.

À l’abri de toute mobilisation d’ampleur le gouvernement a promulgué ses ordonnances antisociales le 22 septembre, qui ont force de loi depuis leur passage devant le Parlement fin novembre.

De telles régressions sociales ne pouvaient qu’être accompagnées de mesures répressives tout aussi brutales. Les condamnations suite aux manifestations de 2016 se sont multipliées, pendant que l’État donnait l’exemple en sanctionnant des membres de l’Inspection du travail : un exemple évidemment compris comme un soutien par un patronat lui aussi de plus en plus répressif, tel celui de PSA.

Des résistances

Le rouleau compresseur des ordonnances et la passivité des confédérations syndicales n’ont toutefois pas eu totalement raison de la colère sociale. Dans de nombreux secteurs, souvent moins organisés que les grands secteurs traditionnels, la combativité des salariéEs a permis de faire reculer les employeurs. C’est le cas du nettoyage, de la restauration, de l’hôtellerie, et même d’activités uberisées comme Deliveroo, tandis que la lutte des GM&S mettait face à face combativité et morgue -patronale et jupitérienne.

Malgré les contestations ouvertes à la CFDT ou à FO, et une grogne rampante à la CGT, les directions syndicales ont continué à s’inscrire dans la logique du dialogue social dans le cadre des prochaines offensives gouvernementales : étatisation de l’assurance chômage, amplification de la tutelle patronale sur la formation professionnelle, préparation de nouvelles attaques sur les retraites.

L’année se termine avec des annonces préparant des contrôles redoublés des chômeurEs, une nouvelle fois désignés comme responsables de leur situation, et l’engagement par PSA d’une procédure de rupture conventionnelle collective massive réduisant considérablement les droits de celles et ceux qui sont poussés vers la sortie de l’entreprise. Mais d’un autre côté, les succès significatifs des salariéEs de l’entreprise de nettoyage H. Reinier (ONET), sous-traitant de la SNCF, et des personnels du service de pédopsychiatrie du CHU de Toulouse, indiquent que la résignation n’a pas triomphé.

Robert Pelletier

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Mis à jour le vendredi 1er novembre 2024