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Pierre Rousset
Hebdo L’Anticapitaliste - 627 (08/09/2022)
La catastrophe était annoncée et le pire est peut-être encore à venir. Une grande partie du Pakistan est aujourd’hui noyée sous les eaux, alors que la saison des moussons n’est pas encore terminée. Face à un désastre d’une ampleur exceptionnelle, l’heure est à la solidarité.
La réalité du changement climatique se fait concrètement sentir dans le monde entier, comme en témoigne, en France, la récente vague d’incendies, mais les régions les plus touchées ne sont pas celles où les émissions des gaz à effet de serre ont été les plus importantes (comme les États-Unis). Les effets de ces gaz vont souvent se concentrer loin de leur lieu d’origine. Ainsi, l’Asie du Sud, dont la « contribution » au réchauffement atmosphérique global est très faible, et l’Asie du Sud-Est subissent de plein fouet ses conséquences, dont la montée des eaux océaniques qui menace les deltas (Bangladesh…) et les archipels (Indonésie, Philippines…). La modification du cours des grands courants maritimes aura aussi des implications majeures dans le Pacifique ou l’Atlantique. La fonte accélérée des calottes glaciaires polaires va aggraver encore ces tendances.
Une catastrophe d’une ampleur sans précédent
Le Pakistan fait partie des contrées de la « ligne de front » climatique. Il a d’abord été frappé par une vague de chaleur exceptionnelle, la température atteignant en certains endroits les 50 °C, alors que le taux d’humidité dans l’atmosphère était très élevé — une combinaison aux limites de ce que peut supporter le corps humain. Une grande partie du territoire (plus de la moitié ?) est maintenant sous les eaux, une catastrophe d’une ampleur sans précédent due au dérèglement de la mousson, à des pluies torrentielles et des crues fluviales brutales, à la fonte accélérée des glaciers himalayens (traversé par le fleuve Indus, le pays s’étend de l’Himalaya au nord à l’océan Indien au sud).
Selon les chiffres officiels, plus de 50 millions de personnes ont été forcées de fuir leur lieu de résidence (le Pakistan compte environ 220 millions d’habitantEs), nombre d’entre elles se retrouvant sans abri, sans ressources, sans accès à l’eau potable ou à des centres de santé. Un million de maisons sont détruites ou endommagées. Dans les régions touchées, le bétail est décimé, les cultures noyées, les infrastructures (routes, ponts) partiellement détruites. On craint de prochaines épidémies (y compris le choléra). Le gouvernement s’avoue impuissant face à l’ampleur du désastre. Or, la saison des pluies n’est pas terminée (elle court normalement de juin à septembre), alors que des protections naturelles (forêts fluviales…) sont balayées par les crues et que d’importants lacs peuvent encore déborder.
Solidarité internationale
Face à cette situation, une campagne de solidarité internationale est initiée par l’association Europe solidaire sans frontières (ESSF) qui est engagée au Pakistan depuis 2005. Elle soutient financièrement les activités d’organisations et réseaux militants qui se sont immédiatement mobilisés pour apporter de premiers secours aux victimes climatiques dans plusieurs régions.
Les transferts sont assurés via la Fondation Crofter qui travaille avec les paysans pauvres, mais aident un éventail de mouvements qui agissent conjointement pour assurer les secours : la Labour Education Fondation, la Labour Relief Campaign (Campagne de Secours populaire), le Pakistan Kissan Rabita Committee, le parti Haqooq e Khalq… Dans l’immédiat, ils concentrent leurs efforts sur l’acheminement d’eau potable, d’aliments secs et de denrées de base (riz, farine, lentilles, dattes…), de lait en poudre (pour les enfants) et de boîtes de lait, de combustibles, de draps en lin, de serviettes hygiéniques ou en tissu pour les femmes, de vêtements faciles à porter, de chaussures plastiques, de tentes, de fourrage pour le bétail. Ils organisent également des camps médicaux avec de jeunes médecins. La réhabilitation et la reconstruction ne sont pas encore à l’ordre du jour, mais sont préparées par les liens locaux qui se constituent aujourd’hui.
Le NPA a, dans le passé, lui aussi plus d’une fois contribué activement à cette solidarité.
Pour le soutien, se reporter à la page d’accueil d’ESSF : https://www.europe-solidaire.org/