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Partie 1 Réchauffement climatique : les causes, l’état des lieux, les prévisions
Les causes Causes physiques
Le climat de la Terre a toujours changé pour toutes sortes de raisons :
- météorite
- activité du Soleil
- volcan
- dérive des continents
- et surtout la vie sur Terre (particulièrement les plantes)
Justement, la vie n’est possible que grâce aux gaz à effet de serre qui emprisonnent une partie de l’énergie du soleil. Sans eux il ferait trop froid pour que la vie telle que nous la connaissons existe.
Ces gaz à effet de serre (GES) existent naturellement pour la plupart d’entre eux : vapeur d’eau (H2O), dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4), protoxyde d’azote (N2O). D’autres sont uniquement produits par l’Homme, ce sont des dérivés fluorés.
Le dérèglement climatique est dû à l’augmentation extrêmement rapide de ces gaz du fait de l’activité humaine post révolution industrielle. L’utilisation des énergies fossiles (charbon, puis pétrole et gaz naturel) a libéré et continue à libérer d’énormes quantités de carbone dans l’atmosphère. En ce qui concerne le protoxyde d’azote, c’est principalement l’agriculture (en France à hauteur d’approximativement 75 %) qui est émettrice par le biais des engrais azotés.
Jusqu’au XVIIIe siècle, il y avait un équilibre entre les émissions de GES par les êtres vivants et la séquestration de CO2 par les plantes. C’est le fameux cycle du carbone. Avec l’exploitation des hydrocarbures, ce cycle a été cassé, les plantes ne peuvent pas absorber tout le carbone qui est émis. Le phénomène est aggravé par les GES produits industriellement, par l’agriculture industrielle et par le changement d’affectation des terres.
Et le capitalisme dans tout ça ?
Clairement les émissions de GES en tant que telles ne sont pas liées au capitalisme. Mais l’accumulation de capital et la croissance sont indissociables.
La croissance est, elle, intimement liée à l’énergie.
Et les hydrocarbures sont une source d’énergie extrêmement pratique car ils peuvent être transportés et stockés facilement.
D’ailleurs Laurent Fabius ne s’y est pas trompé quand il a dit que la France voulait un accord à la COP 21 à une seule condition : que la croissance ne soit pas affectée.
Quand je parle de croissance, il s’agit de croissance du PIB. Je sais bien que beaucoup sont allergiques au mot « décroissance » et préfèrent parler d’un « autre type de croissance ». Mais cet autre type de croissance qui met l’accent sur l’ « être » plutôt que sur l’ « avoir », sur l’usage plutôt que sur l’accumulation, ce n’est plus la croissance du PIB.
On dit que l’argent n’a pas d’odeur, on pourrait rajouter que la croissance n’a pas de couleur. Et elle n’est certainement pas verte. En fait, contrairement à ce qu’on nous bassine à longueur de journée, elle est de moins en moins verte pour une raison très simple. La croissance repose sur l’extraction (minerais, hydrocarbures, sable, etc.) et, pour des raisons évidentes, on a commencé par extraire ce qui était le plus facile. Donc, plus on avance plus on fait de dégâts et plus il faut de l’énergie pour extraire. Quant à l’économie circulaire, elle reste un mythe inatteignable, pour des raisons purement physiques : les principes de la thermodynamiques et les lois sur l’entropie.
En tous les cas on peut être sûr que la baisse des émissions de GES est incompatible avec le capitalisme. Toutes les solutions proposées jusqu’à présent vont dans le mauvais sens.
Juste deux exemples :
L’énergie
Kyoto a mis en place le marché carbone, un pompe à fric pour les capitalistes qui n’a amené aucune baisse des émissions de GES. Tout le monde s’accorde pour dire que l’énergie la plus propre est celle qui n’est pas utilisée. Mais toutes les politiques mises en place vont dans le sens d’un remplacement d’une énergie par une autre ou d’une augmentation globale de la consommation d’énergie. Avec le pétrole, l’extraction de charbon n’a pas baissé, et le nucléaire n’a pas fait baisser la production de pétrole. Les énergies renouvelables (qui, d’ailleurs, pour la plupart, ne le sont pas) n’ont pas empêché l’exploitation des gaz et huile de schiste ou des sables bitumineux. Leur développement se fait dans le gigantisme, la centralisation, pas le local et l’autonomie. Et on comprend bien que les industriels n’ont aucun intérêt à ce que la consommation finale d’énergie baisse.
L’agriculture
Toutes les politiques sont axées sur la technique, les biotechnologies, les intrants, la disparition des paysans, alors qu’il serait possible de développer une agriculture paysanne qui non seulement n’émettrait pas de GES mais en plus stockerait du carbone.
C’est donc bien le capitalisme le problème
Naomi Klein dans sa conférence à Paris I a montré comment les politiques néo-libérales avaient contribué à l’aggravation de la situation du fait des privatisations (en particulier dans les secteurs clés de l’énergie et des transports), de la dérégulation de la finance, de la coupe dans les budgets publics, de l’austérité, de la baisse des impôts pour les riches et les entreprises et du libre-échange. Mais elle a aussi clairement dit que le néo-libéralisme n’était qu’un facteur aggravant du capitalisme mais qu’intrinsèquement c’était le capitalisme et la croissance qu’il fallait remettre en cause.
L’état des lieux
Il faut remonter à 2,5 millions d’années pour retrouver des niveaux aussi élevés de CO2 dans l’atmosphère. En mars, son taux a dépassé les 400 ppm en moyenne sur la totalité du globe. Depuis l’ère pré-industrielle et ses 280 ppm, c’est une augmentation de 43 %.
Pour le N2O c’est 21 %
et pour le méthane ç’est carrément multiplié par 3.
2014 a été l’année la plus chaude jamais mesurée bien que le phénomène El Niño ait été particulièrement faible.
L’acidification des océans atteint des niveaux record, il faut remonter à 300 millions d’années pour trouver un rythme d’acidification aussi rapide.
Les conséquences pour la planète
Elles sont multiples et pour la plupart négatives
- baisse catastrophique de la biodiversité (le réchauffement climatique n’étant évidemment pas la seule cause) mais on sait que de nombreuses espèces animales et végétales n’auront pas le temps de s’adapter et vont donc disparaître que ce soit sur terre ou dans les océans (disparition des coraux et des mangroves)
- diminution de la vie marine
- hausse du niveau des mers et océans : de 1 m à plusieurs voire plusieurs dizaines de m dans deux ou trois cents ans, surtout si l’Antarctique fond
- hausse des températures : 2°C pour les prévisions les plus optimistes, 4 à 6°C pour les plus réalistes
- phénomènes climatiques extrêmes plus fréquents
- la fonte des glaciers d’altitude va avoir des effets sur les systèmes hydrauliques (particulièrement pour l’Amazonie et le sous-continent indien) : trop d’eau pour commencer, et pas assez ensuite
- l’acidification des océans va provoquer et la hausse concomitante de la température va provoquer une baisse considérable de la masse totale de zoo-plancton et donc de poissons
Les prévisions
J’ignore volontairement les phénomènes imprévisibles comme une éruption géante. On ne peut pas se permettre de parier qu’un évènement de ce type vienne nous sauver la mise. Sans compter que la potion pourrait s’avérer pire que le mal.
Mais même en se concentrant sur ce qu’on sait, on entre en terra incognita. On n’est sûr que d’une chose, ça va empirer, même s’il reste une petite chance de limiter les dégâts.
Ça va empirer d’une part du fait de l’inertie du système climatique. Même si on arrêtait toutes les émissions de GES aujourd’hui la hausse des températures continuerait, les océans continueraient à s’acidifier mais clairement à un rythme beaucoup moins soutenu. L’année dernière, les émissions de CO2 ont, parait-il, stagné. Cela n’a pas empêché le taux de CO2 dans l’atmosphère d’augmenter.
Et soyons réalistes, ce n’est pas faire preuve de pessimisme que de penser que les émissions de CO2 ne vont pas s’arrêter du jour au lendemain. Aucune société ne pourrait se passer d’hydrocarbures sans une période de transition.
Mais, en plus, le réchauffement climatique donne lieu à des rétroactions positives, en gros des cercle vicieux. Quelques exemples :
- l’effet albedo - le réchauffement cause la fonte de la neige ou de la glace (qui reflètent les rayons solaires), laissant à nue la terre ou les océans qui absorbent beaucoup plus de rayons, ce qui provoque une augmentation de température
- les centrales à charbon émettent du CO2 mais aussi des poussières qui « salissent » la neige (effet de « black snow »), avec les mêmes conséquences que l’effet albedo
- le réchauffement provoque l’élévation des océans et donc leur surface
- le réchauffement provoque la fonte du pergélisol - or celui ci renferme d’immense quantités de méthane sous la forme d’hydrates de méthane. Si ce méthane était libéré on pourrait assister à une accélération brutale de la hausse des températures car le méthane est un GES 25 fois plus puissant que le CO2 et les réserves sont immenses
- plus il fait chaud, plus l’eau s’évapore, et la vapeur d’eau est un GES
- l’augmentation de la température a un effet sur la capacité des puits de carbone (que ce soit les océans ou les forêts) à absorber du CO2. Il est par exemple à craindre que l’Amazone ne puisse plus jouer son rôle de poumon de la Terre et pourrait au contraire devenir un contributeur aux GES
Bref pour citer le CNRS : plus la Terre chauffe, plus ça chauffe, plus ça chauffe !
Les conséquences pour l’Homme
Il est difficile de ne pas tomber dans le catastrophisme du fait de l’état des lieux et du peu de temps qui nous est laissé avant qu’un point de non-retour soit atteint. Les formules visant à mobiliser pour la COP 21 donnent une idée de la tâche à accomplir : il nous faudrait revenir à moins de 350 ppm de CO2 et pas après-demain ou demain mais hier. L’avenir de la vie sur terre pour des centaines, voire milliers d’années se joue dans la décennie qui vient. Autant dire que l’humanité a rarement été confrontée à un tel défi. D’autant que c’est un défi global.
Si on continue sur notre lancée, il est clair que notre planète pourrait devenir invivable dans le sens où nous l’entendons. Avant d’en arriver là, nous serons confrontés à une dégradation continue de notre environnement.
Il faut préciser que les prévisions du GIEC ont toutes été revues à la hausse pour deux raisons :
- une raison politique : le GIEC, comme son nom l’indique est une groupement intergouvernemental, il n’est donc pas indépendant, et les gouvernements ont toujours eu tendance à minimiser les risques
- une raison scientifique : les experts n’estiment que ce qu’ils peuvent mesurer : Pour cette raison, la fonte du pergélisol n’est pas prise en compte, car les experts sont incapables d’en mesurer les conséquences
Alors, quelles sont les conséquences prévisibles
- La hausse des températures va mécaniquement entrainer une augmentation des zones désertiques, qui ne sera pas compensé par l’augmentation des terres septentrionales qui deviendront plus productives. On sera donc confronté à une baisse de la production agricole et donc à des famines.
- La baisse de la vie marine va mécaniquement entraîner une baisse de la ressource halieutique
- Santé : épidémies et problèmes sanitaires (plus de maladies dans les pays chauds que froids)
- L’accès à l’eau douce qui est déjà un problème sérieux va évidemment s’aggraver et la désalinisation est une fausse solution car extrêmement coûteuse en énergie
- La hausse du niveau des océans va entrainer la perte de nombreuses côtières. Or ces zones sont généralement les plus peuplées et abritent la plupart des grandes mégalopoles. On va donc assister à une augmentation exponentielle du nombre de réfugiés climatiques (22 millions en 2013, 250 en 2050 pour les prévisions les plus optimistes) : réfugiés au sein d’un pays (on pense à Venise, New-York, la Floride ou en France, Calais, Dunkerque, Arles ou Bordeaux), mais aussi réfugiés dont le pays aura disparu totalement ou en grande partie comme bien sûr de nombreuses îles, mais aussi des pays beaucoup plus grands et plus peuplés, comme le Bangladesh qui pourraient perdre la moitié de son territoire.
- Les phénomènes climatiques extrêmes vont se multiplier. Les pays déjà lourdement frappés par des ouragans ou des typhons vont avoir du mal à faire face aux destructions répétées et aux pertes humaines, comme aux Philippines, mais les pays riches ne sont pas épargnés, il suffit de voir la catastrophe humanitaire provoquée par Katrina aux États-Unis.
- Les pertes massives de biodiversité auront des conséquences difficiles à mesurer, d’autant que les activités humaines (chimie, nucléaire) ont aussi des effets délétères. Mais on sait que certaines espèces ont une importance particulière et que leur disparition entraîne des disparitions en cascade :
- espèces clés de voute ou espèces pivots
- espèces rares mais particulièrement résilientes en cas de grand bouleversement
Géo-ingénierie et adaptation
Le dernier rapport du GIEC consacre toute une partie à l’adaptation au réchauffement climatique. Ayant renoncé, ou plutôt n’ayant pas tenté de l’arrêter, on nous propose maintenant soit de modifier le climat dans un sens favorable soit de nous y adapter.
Géo-ingénierie
Alors que nous sommes incapables de prévoir les conséquences de nos actes du fait de la complexité des systèmes qui nous entourent, la géoingénierie veut nous entraîner dans des expériences à l’échelle planétaire. Les idées les plus folles sont envisagées :
- ensemencement des océans avec du fer pour encourager le développement de phytoplancton, en oubliant au passage que le fer accentuerait l’acidité des océans
- dispersion d’aérosols à base de souffre dans l’atmosphère pour empêcher une partie des rayons lumineux de réchauffer la Terre, en oubliant cette fois, que c’est justement le souffre qui cause les pluies acides qui affaiblissent les arbres et les forêts
- envoi dans l’espace de miroir censés refléter les rayons solaires, à un coût énergétique stratosphérique
- captage du carbone dans le sous-sol, outre l’aspect très risqué, ces technologies requièrent de grosses quantités d’énergie et très peu de sites sont envisageables pour des raisons géologiques
Adaptation
Certes les capacités adaptatives de l’Homme sont très grandes, mais on aura compris qu’il s’agit de s’adapter à une vie dont nous ne voulons pas.
Inutile de dire qu’il sera beaucoup plus facile pour les riches d’abandonner leur villa au pied de l’eau à Saint-Tropez que pour les pauvres des bidonvilles de Lagos. On voit aussi les moyens impressionnants mis en œuvre pour permettre aux riches de continuer à skier
L’adaptation c’est, par exemple :
- se nourrir d’insectes pour remplacer les protéines animales trop gourmandes en terres et en eau
- habiter dans des îles flottantes : l’idée étant que les océans couvrant presque les 3/4 de la Terre, cela nous laisse de grandes étendues à coloniser et à polluer
- sans parler du délire absolu, changer carrément de planète. Tout le monde sait depuis pas mal de temps qu’il n’y a d’autre planète habitable dans le système solaire, qu’à cela ne tienne, nous allons explorer la galaxie ou même une autre, quelques millions d’années-lumière ne nous font pas peur, et on va montrer à Einstein qu’avec E=mc2 il avait tout faux et qu’on peut se déplacer plus vite que la lumière !
La réalité c’est que la seule solution qui a une chance de marcher c’est une réduction drastique de notre consommation d’hydrocarbures, c’est une vraie révolution agricole, c’est l’arrêt total de la déforestation et de l’accaparement des terres arables
En conclusion, une réflexion et une citation
La réflexion(personnelle) concerne la nature parasitaire des capitalistes qui exploitent les travailleuses et les travailleurs. Cette nature parasitaire est maintenant étendue à l’ensemble de l’humanité, qui exploite contre son gré son écosystème. Les espèces qui « réussissent » ont développé des relations symbiotiques ou d’échanges. Les espèces parasites destructrices de leurs hôtes sont, elles, sur une voie évolutive en cul de sac. Il est encore temps pour nous de bifurquer…
Naomi Klein a fustigé celles et ceux qui prétendent que le « vert » ne serait ni de droite ni de gauche et elle a fait une citation qui a le mérite de replacer la lutte contre le réchauffement climatique dans un cadre marxiste :
- le dérèglement climatique est l’expression atmosphérique de la guerre des classes (voir article : http://npa-ariege.org/spip/spip.php?article450)
Partie 2 : Négociations et mobilisations
1- COP21 : Kesaco ?
Conférence des Parties signataires de la CCNUCC (= convention cadre des nations unies sur le changement climatique)
Le 23 juin 1988 James Hansen ( NASA) devant le Sénat Américain : à 99 % certain de la réalité d’une tendance au réchauffement climatique lié aux activités humaines. « il est temps d’arrêter de baratiner »
Novembre 1988 : première séance du GIEC.
Sommet de la Terre de Rio en 1992 => CCNUCC (= convention cadre des nations unies sur le changement climatique) entrera en vigueur en 1994.
Elle reconnaît trois grands principes :
- le principe de précaution,
- le principe des responsabilités communes mais différenciées,
- le principe du droit au développement.
MAIS pas trop !
« Il convient d’éviter que les mesures prises pour lutter contre les changements climatiques, y compris les mesures unilatérales, constituent un moyen d’imposer des discriminations arbitraires ou injustifiables sur le plan du commerce international, ou des entraves déguisées à ce commerce. » (idem pour le protocole de Kyoto)
Réunion annuelle depuis 1995 COP1 à Berlin.
2 - Depuis :
COP3 (Kyoto 1997).
- Révision des objectifs initiaux de la Convention de Rio considérés trop faibles, établissement de nouveaux objectifs
- adoption d’un protocole visant à réduire entre 2008 et 2012 de 5,2 % par rapport au niveau de 1990 les émissions de six GES : dioxyde de carbone, méthane, protoxyde d’azote et trois substituts des chlorofluorocarbones, avec un objectif national précis pour chaque pays. (UE -8 %, dont Allemagne -25 %, Grande-Bretagne -15 %).
Mais aussi une innovation = trois « mécanismes de flexibilité » = marché du carbone et attribution de crédits aux parties qui réduisent les émissions de GES dans d’autres pays.
- le commerce de droits d’émissionsentre pays industrialisés ou entre sociétés industrielles.
- la mise en œuvre conjointe : un pays développé ou en transition vers une économie de marché peut recevoir des « unités de réduction d’émissions » quand il aide à financer des projets qui réduisent les émissions nettes dans un autre pays développé ou en transition vers une économie de marché, concerne avant tout le financement de projets dans les pays d’Europe de l’Est.
- le mécanisme de développement propre : projet dans pays « en développement » (qui n’a pas de droits d’émissions qui sont alors créés)
COP15 (Copenhague 2009) : qui se solde par un non accord
Doha 2012 : prolonger jusqu’en 2020 la durée de vie du protocole de Kyoto, retrait de la Russie, du Japon et du Canada, les signataires ne représentent plus que 15% des émissions mondiales à effet de serre.
COP19 : Varsovie 2013 « Sommet sur le climat et le charbon »
Les ONG (Oxfam, Greenpeace, Amis de la terre International…), syndicats et mouvements sociaux ont décidé de quitter les négociations climatiques à Varsovie, sous le slogan « Assez de paroles, des actes », « les pollueursparlent, nous marchons », « écoutez les peuples, pas les pollueurs ».
3- Les enjeux en 2015
COP21 du 30 novembre au 12 décembre au Bourget
Côté négociations :
C’est l’année butoir décidée pour signer unnouveau protocole international, destiné à succéder aux accords de Kyoto
Il y aura vraisemblablement un accord à Paris (préparation du texte à Genève), mais un très mauvais accord qui « verrouillera des conséquences catastrophiques pour l’avenir de la planète et de l’humanité ».
Décision qu’il faudrait prendre : laisser 80 % des réserves des combustibles fossiles connues sous terre
- Aucun objectif concret pour 2025-2030 alors que les émissions mondiales de GES doivent être réduites à 44 gigatonnes (Gt) de CO2 d’ici 2020, 40 Gt en 2025 et 35 Gt en 2030.
- Accord sur l’idée que, jusqu’en 2030, chaque pays fera ce qu’il peut /veut et que la CCNUCC se contentera de résumer les « contributions projetées telles qu’elles seront déterminées au niveau national
Le débat achope toujours sur qui doit faire quoi
- Accord Chine-USA comme “référence” (Chine commencer à réduire émission en 2030 – USA réduire de 25 à 28 %/ 2005 d’ici 2025.
- La COP 21 ouvrira la porte à de nouveaux mécanismes de marché du carbone, leur développement réel sera convenu aux COP futures.
- Faiblesse du financement (Lima 10 milliards $ / 100 prévus par plusieurs COP)
- Rien sur les droits des migrants (réfugiés climatiques toujours non reconnus)
- Aucune sanction / non-respect des engagements.
Tout ce qu’on peut attendre ce sont les mobilisations à l’occasion des COP qui mettent sur le devant de la scène les questions du climat et les enjeux sociaux, politiques, rapports internationaux...
Dernière grande mobilisation internationale = Copenhague en 2009 (100 000 manifestantEs)
Suivi par la Conférence mondiale des peuples contre le changement climatique à Cochabamba comme « réponse » à l’échec de Copenhague.
Mais qui laisse aussi un bilan mitigé / centrer tout sur la conférence elle-même
4 – Ce qui se prépare
Si la COP21 en décembre 2015 est une échéance clé, les choses doivent se préparer dès maintenant et au-delà l’enjeu est de construire un mouvement large et durable sur la question de la justice climatique et sociale.
Les échéances
30-31 mai : mille initiatives pour le climat (avant la semaine de négociations intermédiaires de Bonn, le G7 en Bavière, le sommet UE-Amérique Latine à Bruxelles) http://coalitionclimat21.org/
- Participer aux initiatives et leur donner visibilité aussi dans notre presse
- Lien avec mobilisations VS GPII, confédération paysanne VS agro-industrie. (1000 vaches …)
NDDL 11 et 12 juillet : « chauffe la lutte pas le climat » -
26-27 septembre : nouveau week-end d’initiatives dans les différentes villes et régions, à Paris Alternatiba Île-de-France et arrivée du tour en tandem.
-* Week-end des 28 et 29 novembre : mobilisation de masse décentralisée dans les capitales du monde entier
Pendant les deux semaines de la COP21 : Montée en puissance des mobilisations, sommet alternatif... - 12 décembre : Mobilisation de masse à Paris
Les principales dates des négociations internationales sur le changement climatique
- 1992 Signature de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro
- 1994 Entrée en vigueur de la CCNUCC
- 1995 COP1 à Berlin
- 1997 Adoption du protocole de Kyoto
- 1997-2005 Processus de ratification par les signataires du Protocole
- 2005 Entrée en vigueur du protocole de Kyoto
- 2005 Conférence de Montréal lançant les négociations sur une deuxième période d’engagement sous le protocole de Kyoto (après 2012)
- 2007 Plan d’action de Bali pour aboutir en 2009 à un accord mondial qui prendrait la suitedu Protocole (après 2012)
- 2008 Entrée en vigueur de la première période d’engagement sous le protocole de Kyoto,d’une durée de cinq ans (2008-2012)
- 2009 Echec de la Conférence de Copenhague, signature d’une déclaration politique endehors du système des Nations unies (l’Accord de Copenhague)
- 2010 Conférence de Cancun qui inscrit les acquis de l’Accord de Copenhague dans le système onusien
- 2011 Conférence de Durban qui lance un nouveau processus de négociation, d’ici 2015 etdans le cadre de la « Plateforme de Durban », d’un nouvel accord mondial qui doit entrer en vigueur au plus tard en 2020
- 2012 Fin de la 1re période d’engagement sous le protocole de Kyoto
- 2013 Année présumée du début de la 2e période d’engagement sous le protocole de Kyoto
- 2013 COP19 en Pologne
- 2014 COP20 à Lima
- 2015 Année présumée de la signature de l’accord mondial (COP21 en France )
- 2015-2020 Période de ratification de l’accord mondial par les Etats
- 2020 Échéance pour l’entrée en vigueur de l’accord mondial
Partie 3 : Notre réponse à la crise climatique
Pour répondre au défi posé à l’humanité par la crise climatique, deux contraintes majeures guident notre réponse :
- l’ampleur et l’urgence du changement nécessaire : les émissions de gaz à effet de serre (GES) doivent baisser de 80 à 95% d’ici 2050 d’après les chiffres du GIEC, ce qui revient pour nous à une sortie totale des énergies fossiles à cet horizon, sachant que 80% de l’énergie actuelle est d’origine fossile.
- Ce n’est pas un simple changement de mode de vie mais de tout l’appareil de production et de l’organisation de la société.
- Un frein majeur à ce changement : on estime que 80% des réserves connues d’énergies fossiles doivent rester sous terre, or ces réserves sont déjà appropriées. Ceci rentre en confrontation directe avec les intérêts capitalistes, qui ont intérêt à valoriser ces stocks (voir les sur profits de la rente pétrolière), il est donc nécessaire d’exproprier ces intérêts privés pour pouvoir mettre en œuvre la transition énergétique.
- Ceci rentre également en confrontation avec les intérêts nationaux puisque les ressources énergétiques sont inégalement réparties : voir cas l’exemple de l’Équateur (tentative de monnayer le fait de laisser le pétrole sous terre), ou des régimes extractivistes (Venezuela…) largement dépendants de la rente pétrolière
le caractère planétaire de la crise : pas de solution à l’échelle d’un seul pays ou d’un seul continent, il faut une planification mondiale. - Mais il faut aussi prendre en compte l’inégalité de responsabilités dans la crise climatique (essentiellement celle des pays capitalistes avancés), l’inégalité face aux effets (augmentation de température non uniforme…) et l’inégalité face aux conséquences (inégalité selon infrastructure du pays, mais aussi entre classes sociales…).
Cela touche à une série de questions dans les rapports nord-sud :
- le transfert technologique et la libération des brevets pour permettre aux pays du sud de se développer en utilisant les énergies renouvelables
- mais aussi la solidarité internationale face aux effets de la crise climatique (puisque la crise est déjà là et même en cas de sortie instantanée des énergies fossiles, l’inertie du système fait que la température continuerait d’augmenter : santé, liberté de circulation et accueil des réfugiés climatiques…
Pour éviter un emballement potentiellement dramatique, il faut donc mettre en œuvre une transition énergétique rapide et radicale à l’échelle mondiale pour sortir des énergies fossiles, et aussi du nucléaire (même si c’est un problème plutôt franco-français).
Problème : la mise en œuvre de cette transition est elle même consommatrice de beaucoup d’énergie et donc génératrice de GES supplémentaire, il faut donc compenser par une baisse importante de la production matérielle.
Dans le même temps, il y a des besoins sociaux urgents à satisfaire, cela n’est donc pas possible sans un contrôle démocratique de la population permettant d’arrêter les productions nuisibles et inutiles (impliquant la suppression de la publicité pour permettre la détermination des besoins réels), ainsi qu’une diminution du temps de travail et une reconversion des travailleurs concernés.
Plus généralement, la transition énergétique s’organise autour de la logique suivante qui fait largement consensus : sobriété, efficacité puis renouvelables.
Ce qui signifie :
- sobriété : celle ci se situe non pas au niveau individuel mais à l’échelle de la société. En clair il s’agit de consommer moins d’énergie (il faudrait atteindre -50% de consommation d’énergie pour l’Europe, -75% pour les États-Unis), sachant que la consommation d’énergie actuelle se divise en gros en trois tiers : la production (industrielle et agricole), les bâtiments (habitats, tertiaire…) et les transports (marchandises et personnes)
- pour la production : voir au dessus, ainsi que la mise au pas de l’agro-industrie
- pour les bâtiments, cela nécessite un vaste plan d’isolation des bâtiments, en commençant par les logements sociaux et les bâtiments publics
- pour les transports : concernant les marchandises, il s’agit de diminuer les distances entre lieux de production et de consommation (le contrôle démocratique de la finalité de la production doit permettre de produire pour les besoins locaux et non pour le marché mondial).
Concernant les personnes, il faut développer les transports en commun et leur gratuité, mais aussi diminuer les distances domicile-travail (problème du logement…)
- efficacité : il s’agit de gagner en rationalité dans la production, par la cogénération (récupérer la chaleur produite lors de la production d’électricité), mais aussi en limitant le recours à l’électricité qui ne représente que 20% des besoins énergétiques (éviter l’absurdité de produire de la chaleur pour produire de l’électricité pour produire de la chaleur… avec à chaque fois des pertes)
- renouvelables : sans rentrer dans le détail, il faut rappeler que l’énergie est aussi un enjeu de pouvoir politique et que notre conception du renouvelable est celle d’une production décentralisée et contrôlée démocratiquement.
En conclusion, la crise climatique nécessite une réactualisation de notre programme transitoire, des tâches des révolutionnaires et des mesures clé essentielles à prendre en cas de prise du pouvoir.
Nous avons également une responsabilité particulière, étant les seuls à pouvoir formuler une réponse conséquente, à la hauteur du problème, d’où l’importance de prendre toute notre place dans le débat et la mobilisation.