L’évolution de la situation politique n’est pas un processus linéaire. Elle est faite de basculements et d’accélérations. Les derniers jours nous le rappellent avec force. En effet, il y a quelques semaines de cela, dans la France de nouveau « confinée », le pouvoir instrumentalisait de façon indigne et islamophobe l’assassinat de Samuel Paty en désignant le mouvement ouvrier comme complice du terrorisme. Un mois plus tard, ce sont par centaines de milliers que jeunes et travailleurs descendent dans la rue contre le cours autoritaire du régime dans plus de 90 villes à travers le pays.
Macron et son gouvernement, sous la pression de l’extrême droite et du corps policier d’une part, face à la crise sociale qui s’annonce, d’autre part, pensaient tirer la situation à leur avantage. Ils ont commencé par amender, en alliance avec la droite au Sénat, la loi de programmation de la recherche en introduisant un article visant à pénaliser toute action revendicative sur les campus universitaires. Ils se sont ensuite attelés à la loi de sécurité globale pensant avoir les coudées franches. Mais, suite aux vidéos des violences policières et racistes contre les migrantEs à République et contre le producteur de musique noir Michel Zecler, la loi de sécurité globale est apparue au grand jour pour ce qu’elle est : le renforcement de l’État policier et raciste à un degré inégalé depuis des décennies.
Étendre la lutte pour le retrait de la loi et la démission du duo Darmanin-Lallement
La mobilisation est massive, unitaire, jeune, démocratique et sociale. Elle se nourrit aussi de la faillite du gouvernement face à l’épidémie. Ils ont menti sur les masques, ils ont été incapables de tester en masse et n’ont pas donné de moyens supplémentaires à l’hôpital. Leur choix a été au contraire d’enfermer la population et de renforcer les lois liberticides tout en donnant la priorité au maintien des profits des grands groupes capitalistes. Autoritarisme et capitalisme sont bien les deux faces d’une même pièce !
La mobilisation peut encore se développer dans les jours qui viennent. Elle doit le faire pour engranger une première victoire contre ce gouvernement en obtenant le retrait de la loi. Cette loi, il faut la rejeter en bloc et pas uniquement l’article 24 sur la diffusion des images de violences policières. D’autant plus que l’article 25 de la loi « confortant les principes républicains » (ex loi « contre le séparatisme ») lui est en tout point similaire. Le ministre Darmanin et le préfet Lallement portent une responsabilité particulière dans la politique du pouvoir et la violence de la police. Ils sont illégitimes et doivent partir sans délai !
Pour transformer l’essai, il faut cependant continuer à élargir la mobilisation. Pour cela, l’ensemble des organisations de notre camp, politiques, syndicales, associatives, doivent avancer au coude à coude. Elles doivent s’adresser aux autres secteurs qui se sont mobilisés ces dernières années. Notamment celles et ceux qui ont été confrontés à la violence de la police ou au racisme d’État : les Gilets jaunes, la jeunesse des quartiers populaires, les sans-papiers et migrantEs. L’enjeu est maintenant de structurer la mobilisation pour agir dans la durée. Le passage au Sénat étant prévu au mois de janvier, nous avons le temps de proposer des réunions ou des assemblées générales dans les villes et les quartiers mobilisés, dans les lieux d’études et de travail.
En finir avec ce régime à bout de souffle
Ainsi, nous sentons bien que la contestation qui monte va au-delà du combat contre une loi. Nous savons, comme le gouvernement et le patronat, que dans les mois qui viennent une catastrophe sociale s’annonce. Les capitalistes vont vouloir nous faire payer la crise au prix cher. Déjà les licenciements pleuvent, la précarité explose, la jeunesse n’a plus d’avenir. Et ce n’est malheureusement qu’un début… Les réponses du pouvoir, du patronat et des institutions à leur service sont connues : il faut contrôler la population, faire rentrer dans le rang les récalcitrantEs, détourner la colère vers des boucs émissaires pour masquer la responsabilité du gouvernement, zélé serviteur du capital.
Face à cela, nous manifesterons de nouveau le 5 décembre à l’occasion de la journée contre le chômage et la précarité qui prend, avec la crise, une dimension particulière cette année. Dans les semaines qui viennent, nous ferons le lien entre le combat démocratique contre les violences policières et les questions sociales, pour des moyens pour la santé et les services publics, contre les licenciements, pour nos salaires.
Mais la poussée de la mobilisation actuelle, potentiellement plus massive et plus consciente que celle des Gilets jaunes avant l’épidémie, pourrait prendre une tournure de masse contre ce régime au service des capitalistes. Ce système incapable de mettre les intérêts communs avant les profits d’une minorité et prêt à basculer dans la dictature. Nous devons tout faire pour pour les arrêter.. Le plus tôt sera le mieux !