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Mardi 28 mai, les cheminotEs manifestaient à Paris, notamment contre la casse du fret (transport de marchandises sur rail) qui n’a cessé de se casser la figure depuis l’ouverture à la concurrence au début des années 2000.
Dans la logique libérale, la concurrence allait « booster le fret ». Résultat ? Nous sommes passés du transport de 50 milliards de tonnes-kilomètres sur rail par an, en 2002, à 35 milliards de tonnes-kilomètres en 2022 pendant que la route en transporte plus de 296. C’est une hausse continuelle du transport sur route au détriment du rail et au profit des entreprises de transports privés… dont la SNCF qui est également le premier transporteur de marchandises sur route en France via ses filiales, comme Geodis.
Bilan antisocial de la SNCF
Ce fiasco, du point de vue de l’environnement et des travailleurEs fait porter une crainte parmi les cheminotEs sur les suites que pourrait donner le même scénario en cours avec l’ouverture à la concurrence du trafic voyageur. Le bilan antisocial 2023 de la SNCF confirme ces craintes avec par exemple 4 licenciements par jour en 2023 (+ 64 %) ou encore une augmentation de 18 % des réformes, c’est-à-dire souvent des licenciements déguisés de cheminotEs dont la direction veut se débarrasser.
C’est pourquoi, mardi 28 mai dans la rue, les cheminotEs alliaient défense de l’emploi et des conditions de travail, service public et revendications écologiques, avec notamment la présence de Grenpeace, Attac, Oxfam ou encore les Amis de la Terre du côté de Sud Rail et une délégation internationale de cheminotEs du côté de la CGT.
Reprise de confiance
Cette manifestation intervenait également une semaine après une grève à propos des JO de cet été. Les salariéEs du rail vont être sollicités pendant cette période avec une charge de travail bien plus importante qu’en temps « normal » où la situation est déjà sous tension permanente. Pour exemple, de nombreux congés d’été ont été refusés pour faire face au trafic pendant les JO. À la suite de cette grève, la direction a dû refaire des propositions en matière de compensation, notamment financière. La direction de la SNCF propose une indemnité de 95 euros (brut) par jour de travail sur une période de 21 jours ne pouvant excéder 1 995 euros. D’autres compensations sont également prévues pour la garde d’enfants ou encore l’embauche en CDI de CDD. Grosso modo, c’est du même niveau que ce qui se fait dans les autres professions impliquées dans la réussite des JO (RATP, par exemple). Cependant, cet accord ne s’appliquera qu’à 50 000 cheminotEs sur les 136 000, principalement en Île-de-France. C’est un non-sens : la SNCF est une « entreprise intégrée », c’est-à-dire que la circulation d’un train entre Marseille et Bordeaux a un impact en Île-de-France (les rames peuvent être les mêmes, les cheminotEs qui travaillent sur ces trains peuvent ensuite travailler sur une liaison avec Paris), une pièce détachée d’un TGV commandée à Périgueux peut permettre de faire rouler — ou pas — un train vers Paris en provenance de Strasbourg, etc.
Bref, si des avancées réelles ont été obtenues, il n’est pas certain que cela suffise. De plus, derrière les primes des JO, c’est un mécontentement plus profond sur les salaires qui s’exprime. Mais ne boudons pas notre plaisir : entre le petit recul récent de la direction SNCF sur les retraites avec la cessation progressive d’activité et celui-ci sur les JO, gageons que ces avancées donneront confiance aux cheminotEs pour les luttes à venir.
CorrespondantEs