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L’Assemblée nationale prolonge l’état d’urgence trois mois de plus

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L’Assemblée nationale a adopté ce mardi 16 février au soir la prolongation de trois mois de l’état d’urgence, jusqu’au 26 mai. 212 voix pour, 31 contre (dont 11 députés PS, un député LR, 8 Écologistes et 9 du Front de gauche), et 3 abstentions. Comparativement au vote du 19 novembre, qui l’avait prolongé la première fois à une quasi-unanimité (556 pour, 6 contre, 1 abstention) dans un hémicycle rempli, même si c’est à une large majorité, c’est moins de la moitié des députés qui a cette fois tranché.

Romain Baron

La majorité des parlementaires qui ont daigné se déplacer a donc une seconde fois estimé juste que Cazeneuve assigne encore et toujours à résidence tout individu dont le « comportement » représentant « une menace pour la sécurité et l’ordre publics », puisse tranquillement poursuivre les perquisitions administratives24h/24, et que les libertés démocratiques dans l’Hexagone soient bafouées et agressées par une police rendue chaque jour un peu plus hystérique. Voulue par Hollande et Valls, sans opposition conséquente à l’échelle de la caste politicienne, cette prolongation était prévue. En revanche, outre les navettes avec le Sénat encore à venir, cela ne préjuge pas de l’obtention des 3/5 nécessaire à sa constitutionnalisation définitive par le Congrès, la marge de manœuvre de l’exécutif sur ce terrain restant faible et révélatrice de sa difficulté à maintenir le cap d’une « union nationale » unanime derrière laquelle il court en permanence.

On n’oubliera pas ce qui prospère, en même temps, dans les tuyaux, à savoir le nouveau projet de loi élargissant notamment les pouvoirs policiers en matière d’usage des armes, même hors cas de légitime défense, en vue de la « lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement ». La vérité de l’état de l’urgence n’est pas tant dans sa prolongation,que dans l’arsenal judiciaro-policier qu’il permet, en sous-main, de faire renforcer. Ce vote à l’Assemblée entérine avant tout la poursuite de la politique de flicage, de répression et d’atteintes aux libertés démocratiques dont Hollande et Valls se sont faits les artificiers en chef, indépendamment du prétexte terroriste qui leur sert de justification. On sait en particulier que sur les quelques 3300 perquisitions et portes fracassées depuis décembre, seules cinq ont à ce jour débouché sur des enquêtes contre le terrorisme, et seulement 24 pour « apologie du terrorisme ».

Mais ce vote confirme aussi l’existence d’une gronde dans leur propre camp, certes minoritaire, mais qui s’est enracinée et illustre la tranchée qui semble se creuser entre deux orientations pour 2017. Deux orientations que Valls a déclarées hier, à l’occasion d’une rencontre avec des militants PS de Corbeil-Essonnes,irréconciliables. Celles des frondeurs et d’une partie de la « gauche de la gauche », plus largement de celle qui gravite autour de l’idée d’une « primaire » à gauche, d’un côté ; que Valls condamneet rejette sans surprise ; et la sienne, légitimiste au possible, « assumant » comme il aime à le répéter la politique… que la droite rêverait de mettre elle-même en pratique, et revendiquant « l’audace »… qui consiste à faire entériner les pires propositions du FN et à transcrire dans la loi les injonctions les plus iniques du patronat. Rien d’étonnant de ce fait que le premier super-flic de France ait de nouveau demandé que « les entreprises, le patronat jouent le jeu »du pacte de responsabilité et de toute sa politique antisociale.

Deux « gauches » irréconciliables, une contradiction qui commence à durer, et en attendant, un état d’urgence et une intervention guerrière qu’il faut se donner les moyens de combattre, bien au-delà de ce que ces frondeurs du dimanche proposent, avec une détermination sans faille et des méthodes propres à notre classe. Ce vote est une raison de plus pour se mobiliser dans les cadres unitaires contre l’état d’urgence...

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024