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Attentat d’Ankara. Erdogan ment et accuse les Kurdes pour justifier une intervention en Syrie

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Ariane Tristan

Ankara a été de nouveau le théâtre d’un attentat à la voiture piégée mercredi soir. Une intense déflagration a touché le quartier central de Kizilay, à 300 mètres du quartier général de l’armée et à 500 mètres du Parlement. On dénombre 28 morts dont 27 militaires et 61 blessés dans ce nouvel épisode meurtrier en Turquie.

Dès l’annonce de l’attentat, le gouvernement Erdogan a pointé du doigt ceux qu’il veut désigner comme coupables, les militants de la cause kurde. « Cette attaque terroriste a été commise par des éléments de l’organisation terroriste PKK en Turquie et un milicien des YPG.? » - bras armé de la branche syrienne du PKK – a affirmé le premier ministre turc Ahmet Davutoglu. Pour justifier cela, les autorités turques s’appuient sur des empreintes digitales relevées à l’intérieur de la voiture, qui correspondraient à celles d’un Syrien du nom de Salih Necar. Ce dernier appartiendrait – toujours d’après le premier ministre – aux YPG. La voiture en question ayant explosé, cette « preuve » paraît bien faible... Cette dénonciation vise avant toute chose à nourrir le climat délétère et nationaliste qu’Erdogan produit en interne depuis plusieurs mois. Mais également à fournir un prétexte supplémentaire pour une intervention militaire sur le territoire syrien, cette fois-ci au sol. En effet, le projet géopolitique d’Ankara y est actuellement malmené. L’alliance de circonstances entre les troupes d’Assad soutenus par la Russie, et les kurdes du PYD dont la zone d’influence est en train de s’étendre au nord de la Syrie, met actuellement en difficulté l’Etat islamique, avec lequel Ankara joue en sous-main. La montée des tensions entre la Russie et la Turquie ces dernières semaines fait d’ailleurs craindre que ce dernier évènement provoque le passage d’un conflit larvé et interposé entre les deux puissances à un affrontement plus direct.

De leur côté, le PKK et sa branche syrienne le PYD ont récusé toute responsabilité dans cet attentat. Lucide, le PYD explique : « Nous démentons toute implication dans cette attaque (…) et ces accusations sont clairement liées à la tentative d’intervenir en Syrie ». Le PKK affirme quant à lui, tout en s’en démarquant, que cet attentat « peut être une riposte aux massacres de la Turquie au Kurdistan ». Cette expression, que les médias dominants ont qualifié « d’ambigüe » a le mérite de rappeler la réalité vécue par les populations kurdes dans la région, qui luttent depuis des décennies pour leur indépendance face à un gouvernement turc nationaliste. Or, depuis cet été, les bombardements se sont intensifiés sur le territoire kurde. Dans le même temps, Erdogan a accentué son offensive répressive à l’encontre des militants kurdes présents en Turquie, mais aussi à l’encontre des militants de gauche en général et des universitaires critiques.

Dès le lendemain de l’attentat, Ankara a déjà repris l’offensive pour « capitaliser » sur ce nouvel attentat. Tout d’abord, il a imposé le silence radio aux médias turcs. Ensuite, le gouvernement a demandé à rencontrer les cinq ambassadeurs des pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (Russie, Etats-Unis, Chine, France et Royaume Uni). Un moyen par lequel Ankara souhaite faire de nouveau pression sur Washington, sans le soutien duquel la Turquie n’est pas en mesure d’intervenir.

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Mis à jour le dimanche 24 mars 2024