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Accueil > Communiqués, conférences, réunions > NPA 09 > HISTOIRE 1829 - 1872 DÉJÀ UNE ZAD EN ARIÈGE.

HISTOIRE 1829 - 1872 DÉJÀ UNE ZAD EN ARIÈGE.

Notre camarade Jean Taudou, a publié dans le N° 2 du journal ariégeois « Ta Page », cet article sur la « Guerre des Demoiselles » que nous reproduisons en vous encourageant à lire ce « Ta Page N°2 » qui traite de divers sujets mais dont le dossier principal est « Forêt-Biomasse- Climat » « L’histoire de la forêt en Ariège, c’est aussi »La Guerre des Demoiselles", une première ZAD ( Zone A Défendre) en quelque sorte.
C’est le « code forestier » mis en place le 21 mai 1827, pendant la Restauration, sous le règne de Charles X, qui va mettre le feu aux poudres. Ce code met le bois comme source d’énergie (charbon de bois) au service de l’industrie. L’État vend ou met à disposition la forêt aux maîtres des forges, des industriels qui possèdent aussi les forges à la catalane et le minerai de fer.
Or, en Ariège, depuis le XIV ème siècle, les paysans disposaient de droits d’usage dans la forêt pour le bois de chauffage, les charpentes, des objets de ménage, les sabots, le pacage des animaux.

GUERILLA :

L’hiver 1829, particulièrement rude, va voir les premiers mouvements de révolte,
surtout dans les montagnes, régions plus boisées.
Les paysans agissent de nuit, le visage noirci et vêtus de la longue chemise de l’époque passée sur les pantalons, ce qui peut ressembler à une robe, d’où le nom de « demoiselles ».
Il n’y a pas de chef unique, mais des « meneurs » aux noms d’emprunts, pas des « Camille », mais des « Jeanne Grané », « Mme Laporte », « Capitaine », etc...
La guerilla, que Napoléon vient de découvrir à ses dépens en Espagne, est le mode d’action. Avec bâtons et couteaux et peu de fusils, les actions sont psychologiques ( lettres de menaces adressées aux autorités) ou physiques ( attaques contre les charbonniers ou les gardes forestiers).
UN CONFLIT SOCIAL DE QUELLE NATURE ?
Cette « guerre » se soldera par des arrestations, des blessés et seulement deux morts ( un garde et une « demoiselle »).
Les actions ont surtout eu lieu en 1830 - 1832, mais des résistances dureront jusqu’en 1872.
Cette « guerre des demoiselles » est une révolte de la misère contre les riches maîtres des forges, C’est une forme de la lutte des classes, même si les paysans qui la mènent n’en ont pas une conscience précise. Le pouvoir en place en est persuadé, lui, à une époque où le mouvement social est actif ( révolutions de 1830 et 1848). 15 000 soldats seront envoyés en Ariège pour mater la révolte !
C’est, bien sûr, une lutte de défense des droits acquis contre la centralisation du pouvoir d’État.
C’est, enfin, une action contre le « progrès » destructeur et cette « guerre des demoiselles » est donc luddite¹.
Bien sûr, l’époque est différente, mais en ceci, cette « guerre » est une ZAD avant la lettre ...

QUEL BILAN ?

La lutte paie, même si elle n’est pas victorieuse.
Une ordonnance du 23 février 1831 permet le pacage des animaux dans les bois et les « demoiselles » arrêtées sont amnistiées.
Les actions continuent toutefois et la fin du conflit viendra surtout de la fin des forges à la catalane avec l’utilisation du minerai de Lorraine et de la houille comme source d’énergie.
Jean TAUDOU
¹LUDDITE : Mouvement ( en Angleterre dès 1811-1816) des ouvriers menés par Ludd qui
détruisent les machines pour lutter contre le chômage.
Anecdote : A la différence de Notre Dame des Landes où le sauvetage des tritons a permis de ralentir le projet d’aéroport, les « demoiselles » chassaient les « salamandres », c’est à dire les gardes forestiers appelés ainsi à cause de leur uniforme jaune et vert.


Dessin de Jean-Charles Bernardini pour la BD « La Guerre des Demoiselles » éditée en 1983 par le Centre culturel de Foix

P.-S.

On peut se procurer « Ta Page » (3€) à Foix ( Biocoop, Comme chez Mémé,La Croustade, La Ressourcerie, et sur le marché auprès du Boulanger Jean-Marc et Manu -huile d’olive), à La Bastide de Sérou (Café de la mairie, sur le marché chez Manu-huile d’olive), à Lavelanet (La Vie Claire), à Nalzen ( Un kilo d’cirque), à St Girons (Biocoop, Librairie La Mousson et sur le marché Manu-Huile d’olive), à Pamiers ( Librairie Le Bleu du Ciel), à Pailhés (épicerie et sur le marché Aux légumes de bouche), à Artigat (Au petit bonheur), à Prayols ( sur le marché à L’élément Naturel), à Brassac (sur le marché chez Jean-Marc le boulanger).

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Mis à jour le samedi 11 mai 2024